Expédition en Islande – naissance d’une idée folle, préparation, matériel…

Le sac est prêt, enfin ! Lui est prêt à partir, les sangles sont bien serrées, les bretelles ajustées, et les coutures sur le point de lâcher… De mon côté, pas absolument certain d’être prêt, mais ne l’est-on jamais ?

• Voici la liste complète de notre sac à dos : liste trek Islande 20 jours autonomie 
• Et voici le lien pour nous suivre « en live » : Garmin Livetrack Théo 

Voilà une dizaine d’années que je vois passer sur les réseaux, les aventures de Chris Burkard, un photographe américain qui est tombé amoureux de l’Islande. C’est lui qui m’a donné l’envie de faire la traversée de cette île, aux portes du cercle polaire arctique.

En rentrant de tour du monde l’année dernière, il m’a vite fallu retrouver une aventure à me mettre sous la dent. Ne pas se laisser aller, bercé par la routine et le rythme du quotidien retrouvé. Ce vieux rêve de traverser l’île à pied a donc ressurgi, mais partir seul me semblait dangereux, j’ai donc cherché à embarquer quelqu’un avec moi. Plusieurs ont décliné l’offre poliment, mais mon pote d’enfance Guillaume a accepté, pour mon plus grand plaisir ! Nous avons déjà traversé ensemble les Dolomites, voyagé au Kirghizistan et au Népal il y a deux ans, pour des treks en haute altitude. Autant dire qu’on se connaît un peu 😉

Détails du projet

Voilà. D’une simple idée est né un projet, à nous de le concrétiser maintenant. Après un long voyage bas carbone, difficile de revenir à un mode « d’ultra consommation » de la destination. On décide donc d’effectuer cette aventure sans avion ! Il existe un ferry qui rejoins le nord-est de l’île, au départ du Danemark. C’est parfait, nous partirons en stop depuis Lyon pour rallier la pointe nord de ce pays scandinave.

Sur le papier, tout semble bien ficelé, il n’y a plus qu’à s’y mettre. Mais en creusant un peu sur différents blogs sur internet, il faut se rendre à l’évidence – cela risque d’être plus dur que prévu ! Je savais que c’était un projet physique, il s’avère qu’il y a de nombreux autres éléments que je n’avais pas anticipé. De ce qu’on peut lire sur internet, il y a environ 50% de chances de réussir une pareille traversée. Les causes d’échecs sont diverses : tempête de neige de plusieurs jours en plein été, manque d’eau, foulures / chutes / hypothermies, viking enragé, semelles de chaussures ouvertes en deux, à cause des pierres volcaniques acérées… Il faut donc que l’on se prépare mieux qu’une simple randonnée de plusieurs jours, et que l’on définisse proprement notre itinéraire.

L’arrivée en ferry dans le fjord Seyðisfjörður (à vos souhaits!), et le fait qu’il n’y ait qu’un seul ferry par semaine nous limite un peu. Nous débarquons le jeudi 21 août en Islande, et nous souhaitons terminer le trek par la vallée de Landmannalaugar, bien connue, dans le sud de l’île, pour finir à Vik, sur la côte. Si nous rejoignons ces deux endroits, cela donne environ 650 km de marche, pour 10,000 m de d+. Pour une fois la principale variable de notre cheminement sera la distance, et non le dénivelé ! Pour 3 semaines sur place, cela donne environ 32 km par jour, ce qui est énorme vu le poids de nos sacs. Et justement…

Quel matériel embarquer pour 20 jours de trek en Islande ? 

Une grosse partie de mon matos de trek a été acheté avant notre tour du monde, entre 2018 et 2021, il faut donc que j’en renouvelle une grande partie, ce qui n’est pas négligeable.

Il nous faut être prêt pour lutter contre :

• l’humidité : la pluie quotidienne et les nombreuses rivières à traverser
• le vent cinglant et le froid vif du centre de l’île

Tout en gérant le poids du sac dû à la nourriture que l’on transporte…

Vêtements

Pour les vêtements : je reprends le système des couches, comme un oignon. En haut, j’ai un tee-shirt en mérinos, un haut thermique, une polaire, un sweat, une doudoune et un k-way. En bas, un pantalon convertible en short, un legging mérinos, et un surpantalon imperméable. Les sous-vêtements sont tous en laine mérinos, parfait pour limiter les odeurs. 

Contre l’eau

Pour l’humidité, nous avons investi dans des sacs ultralight étanches. De plusieurs marques (sea to summit, cocoon, lifeventure, exped), de volumes différents, ils nous permettent de compartimenter le sac par sous-ensembles, en gardant nos affaires au sec.

Matos photo / vidéo

Rapidement, le métier de Guillaume (monteur, réalisateur) nous a amené à penser à faire un petit film sur notre expédition. Pour partager notre préparation, les challenges, les rencontres et les difficultés que l’on vivra tout au long de notre traversée. 

Il fallait donc également gérer la partie tournage ! Peu d’investissement de photo et vidéo car nous avons déjà tout, en revanche nous avons agrandi notre stock de batteries externes, des batteries en plus pour les appareils photo, des panneaux solaires (est-ce que l’on va pouvoir s’en servir ?), des cartes mémoires…

Nourriture en trek

Enfin, le dernier sujet concerne la nourriture. Pour 3 semaines sur place, dont une journée de transport retour vers le ferry, nous avons besoin de trouver 20 jours * 3 repas = 60 repas lyophilisés + des snacks. À 12€ le plat, cela fait un budget d’environ 1000€, pour un résultat pas toujours convaincant. Rapidement nous sommes arrivés à la conclusion qu’il serait plus sain, meilleur, et moins cher de cuisiner notre nourriture nous-mêmes. J’ai donc investi dans un petit déshydrateur, et commencé à préparer plusieurs repas différents ! Pendant 2 mois avec Guillaume, nous avons investigué, essayé, goûté, changé d’idée, été malade, avant de définir quelques recettes qui semblent robustes et délicieuses. Guillaume a les siennes de son côté, mais pour ma part :

Petits-déjeuner : réhydraté à l’eau froide 

-> base de flocons d’avoines, des crunchy/granolas, lait en poudre, sucre, pépites de chocolat, fruits séchés, et plusieurs variantes : amandes entières, amandes effilées, baies de goji, graines de chia, cacao amer, noix de coco râpée…

Déjeuner : réhydraté à l’eau froide

• Taboulet maison classique
• Couscous avec légumes crus
• Couscous avec légumes cuits
• Taboulet maison thon légumes crus

Pour chaque couscous, j’ai varié les bases de semoules (couscous marocain, semoule complète, aux fleurs, à base de lentilles corail, de pois chiches) + des épices. Nous avons opté pour des bases « semoules » car cela évite d’utiliser du gaz pour faire bouillir de l’eau.

Dîner : réhydraté à l’eau chaude

• Boulgour / quinoa / légumes / graines
• Risotto poulet / champignons / légumes
• Chili con carne
• Daal de lentilles coco (+ légumes + riz)
• Daal de lentilles tomate (+ légumes + riz)
• Pâtes bolognaise végétarienne 
• Purée mousseline + lait en poudre + graines et autres saveurs variées 
• Riz cantonais

Conseils et conclusion

Pour réussir ses plats déshydratés, nous avons pu voir qu’il faut limiter les matières grasses : peu ou pas d’huile lorsque l’on fait précuire les légumes. La viande est aussi compliquée à réhydrater, alors nous avons opté pour des recettes végétariennes principalement, en complétant avec des graines (tournesol, lin, courge) pour les glucides et ajouter de la texture, et des protéines de soja. Chacune de nos portions sèches font environ 150g, x3 repas par jour, plus 150g de barres chocolatées, protéinées, des pâtes de fruits et des graines, ce qui nous fait un totale de 600g par jour, x20, soit un total de 12 kg de nourriture à transporter !

Nos plats font entre 500 et 700 calories chacun, soit un peu moins de 3000 calories par jour, soit environ 75% de nos dépenses énergiques journalières ! Pas parfait, mais c’est un bon ratio poids / coût / encombrement…

Une fois tous les plats cuisinés et déshydratés, j’ai commencé à les mettre sous vide, non pas repas par repas car les sacs coûtent chers et pèsent lourds, mais jour par jour. Puis par sous-ensembles de 4 ou 5 jours, que je déballerai au fur et à mesure. Cela me permet de bien compacter l’ensemble mais surtout de m’assurer que rien ne prenne l’eau, car ce serait une catastrophe !!

Je publierai un nouvel article quand nous serons rentrés 😉

À bientôt,

Théo