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Amazonie bolivienne – volontariat dans un refuge pour animaux 

Changement d’ambiance 

Cela fait presque 3 mois que notre voyage se déroule à 3000m d’altitude et plus. Nous disons au revoir aux hauts sommets enneigés, aux villes froides et aux altiplanos, enfin, pour un temps.

Un nouveau volontariat se profile. Humidité, chaleur, moustiques, animaux sauvages et petites bêtes velues … Et oui c’est dans l’Amazonie que nous passerons les trois prochaines semaines.

Il nous faut rejoindre Rurrenabaque, ville perdue dans la jungle au nord de La Paz.


Cependant pour y arriver, un bus de 15h nous attend, sur des routes bordéliques et inondées selon la saison. Une nuit sur la « route de la mort », nous sommes bien contents que ce soit de nuit 😛..

En arrivant au terminal des bus (qui n’est rien d’autre qu’un angle de rue 😛), nous sommes surpris de voir les chargements que l’on monte sur les toits des bus, tenus par de simples bâches en plastique… En montant dans le nôtre, la moitié des sièges du fond ont été rabaissés et des dizaines de cartons y sont entassés. Un joyeux bordel mais on adore !  

Rurrenabaque 

L’arrivée à 6h du matin, dans une humidité pesante, nous rappellerait presque notre voyage au Vietnam ! L’atmosphère est si particulière, le changement avec La Paz est flagrant. 

Afin de rejoindre notre hostel, nous montons dans un mototaxi et le voyage commence. La végétation est dense, tropicale, l’air est encore frais mais c’est si agréable. On se rend compte à quel point cela nous avait manqué. 

Dans le moto-taxi
La piscine de notre hostel

La petite ville de Rurrenabaque, d’environ 10 000 habitants, s’éveille doucement. Il est 7h quand nous toquons à la porte de notre hostel, le gérant nous ouvre, tout sourire et nous propose qu’on s’installe en attendant notre chambre, dans les hamacs qui se trouvent devant la piscine. Pas mal comme entrée en matière !

Plus tard dans la matinée, nous sortons explorer les environs. Le rio (= le fleuve), d’un marron-verdâtre, longe toute la ville avant de s’enfoncer dans la jungle.


Et quelle jungle…! Les montagnes aux alentours sont dignes d’un film. La végétation a complètement envahi l’espace. 

Nous apprécions beaucoup ce retour de la chaleur, même si cela nous épuise ! Heureusement la piscine de l’hôtel est parfaite pour se rafraîchir 😉 Nous y rencontrons Agathe et Alban, deux anciens volontaires de La Cruz Verde (le nom du refuge), avec qui nous échangeons sur nos voyages mais surtout sur leur expérience au volontariat. Ils nous font rêver, nous avons hâte de commencer ! 

Le départ de Rurrenabaque 

Après avoir fait quelques courses et bouclé nos sacs, nous partons pour la Cruz Verde. Il nous faut prendre un bateau-taxi qui nous y conduira. 

La pirogue, au moteur excessivement bruyant, nous emmène loin de la ville. Nous entrons enfin dans la jungle, sur le large rio Beni. Les souvenirs de l‘Equateur avec mes parents nous reviennent en mémoire. Nous avions parcouru quelques kilomètres dans la pirogue de notre guide Juan 😉. 


15 min plus tard, le taxi-pirogue-man nous indique que nous sommes arrivés. Le centre se trouve dans la forêt, derrière la plage et n’est donc pas visible du rio, le suspense se poursuit… 

Une première maison apparaît, octogonale avec un toit en palme. Nous sommes accueillis par le toucan qui saute au-dessus de nous sur la terrasse ainsi que le capibara qui se frotte à nos jambes à la recherche de câlins ! On appelle mais personne ne répond. C’est finalement une jeune femme bolivienne qui nous aperçoit depuis la cuisine. Sylvia est la cuisinière présente chaque jour de la semaine. Elle nous annonce que Fred (le propriétaire et gérant du centre) est dans la jungle avec le singe hurleur Apu. Mais aucun souci, le repas est prêt et nous pourrons manger avec eux. 

Nous rencontrons aussi Daniel, vétérinaire bolivien bénévole de La Paz qui vient aider Fred avec les animaux. 

Découverte du centre 

L’endroit nous plaît directement ! Le centre est composé d’une maison principale où vit Fred, d’une maison plus en retrait pour les volontaires et une salle de bain ouverte sur la jungle et le río ! 😍 un bassin personnel pour le capibara (alias Ibo) et quelques cages pour les animaux.

Ici, pas d’électricité, de frigo, de réseau ou d’eau chaude pour les douches. Les journées sont rythmées par le cycle du soleil et des animaux. Nous voilà arrivé.e.s dans un petit havre de paix. 

Vue depuis la salle de bain
Vue de la terrasse

Le centre en quelques mots

Frédéric, de Suisse, a ouvert ce refuge pour animaux depuis 2 ans. Grâce à son implication dans la communauté indigène locale, il a en location (et contrat moral avec celle-ci) , un terrain de 60 ha sur lequel il a construit le refuge. Il œuvre non seulement pour le bien-être des animaux, mais aussi celui de la communauté. Il leur a permis d’avoir un bon système d’assurance santé. Il assure aussi 1h de cours d’anglais dans l’école primaire et à chaque travaux réalisés, il fait travailler des gens du coin. 

Il ne reçoit aucune aide du gouvernement et survit uniquement grâce à ses économies, aux quelques dons et aux volontaires. 

L’école de la communauté à 20min de bateau
Future maison des volontaires (encore en construction)

Les animaux

Actuellement, 4 animaux vivent ici. Le toucan, Dagan, a été récupéré avec les ailes coupées car ses propriétaires voulaient un animal de compagnie. Le capibara, Ibo, a été retrouvé sans ses parents dans les alentours de Rurrenabaque et amené au centre par des villageois. La tortue, Oogway, et enfin, Apu, le singe hurleur, petit bébé de 4 mois, dont la mère avait été tuée afin de récupérer le petit comme animal domestique. 

Dagan et Ibo vivent en liberté, Apu et Oogway vivent en cage avec des moments en jungle pour le singe. 

Dagan
Ibo
Apu
Et bien sûr, Pilou !


En Bolivie, il est interdit de relâcher les animaux sauvages. Mais grâce à ses 60 ha, Fred a trouvé un moyen de « contourner » cette loi car il relâche les animaux sur son terrain (mais celui-ci n’étant pas fermé, cela revient un peu au même 😉). Tous les animaux ne seront pas forcément relâchés, en fonction de leur état et habituation à l’humain, mais tout sera mis en œuvre pour qu’ils retrouvent leur liberté. 

La paisible vie au centre

Nos activités 

Fred nous accueille et nous explique le fonctionnement du centre et de nos journées. 

Le singe vit normalement collé à sa mère lors de sa première année. Mon rôle sera donc de devenir sa maman, le nourrir, le protéger, l’amener dans la jungle, le stimuler, le faire grimper aux arbres, lui donner de l’amour. Pas facile hein? 😉 L’idée est de passer le plus de temps dans la jungle afin qu’Apu se familiarise avec ce milieu. 

Théo, de son côté, assure le rôle du mâle alpha. Il n’a malheureusement pas le droit au contact avec le singe (comme cela se passe dans la nature, le mâle à un rôle protecteur et de leader). Il partira avec moi dans la jungle et pourra dégager des espaces de jeu pour le singe, débroussailler les chemins, faire jouer le singe (de loin…) et me tenir compagnie 😛. 


Nous devons aussi préparer la nourriture pour les 4 animaux, matin midi et soir. Et si on le souhaite, aider Sylvia à la cuisine et au ménage de la maison.   

Lors d’une rando en fin de journée

Ma vie de maman singe

Les premiers jours avec Apu sont incroyables. Découvrir un bébé singe d’aussi près, de voir la ressemblance si frappante avec l’humain, ses expressions, son comportement, sa façon de manger avec ses mains… 

Je tombe complètement sous le charme. Alors imaginez lorsqu’il vient faire sa sieste dans mes bras… 😍 

Au fur et à mesure des jours, la complicité s’installe. Je comprends mieux ses besoins, ses expressions et il devient plus câlin, plus joueur. 

Apu mangeant sa salade


Nos moments dans la jungle sont assez intenses, entre la chaleur, l’humidité, les moustiques, les bruits d’animaux et d’insectes… nous devons être vigilants à chaque instant. 

Le danger le plus probable est la piqûre des bullet-ants, des fourmis dont la douleur serait similaire à une blessure par balle… Mais il est difficile de les louper, elles font presque 3 cm de long ! Il y a aussi certains arbres possédant des épines de 10 cm de long qui explosent dans votre main si vous les touchez. 

Sinon bien sûr il peut aussi y avoir des serpents mortels, des pumas, des sangsues… Mais rassurez-vous, nous n’avons croisé aucuns de ces spécimens ! 😉

Mais évidemment, c’est dans la maison que l’on aura quelques surprises …

Attention aux mains !
L’épouvante du soir !

La routine matinale est de monter dans la jungle, environ une dizaine de minutes, avec Apu qui enroule sa queue autour de mon cou et qui se blottit contre moi – un vrai petit radiateur ! Puis lui donner son biberon de lait et de la laitue et ensuite jouer à grimper dans les arbres afin qu’il m’imite, se déplacer un peu plus profondément dans la jungle, lui chercher des lianes afin qu’il grimpe encore plus haut… 

La routine 

Les journées sont assez similaire, travail soit le matin soit l’après-midi, douche froide qui fait un bien fou, apéro sur la terrasse au coucher de soleil, repas, lecture à la lampe frontale et au lit ! 


Une semaine après notre arrivée, un nouvel oiseau arrive au centre : un petit aras vert et bleu. Mais Fred a très peu d’espoir pour ce pauvre oiseau… Il a été maltraité et malnutris en tant qu’animal domestique, et nous avons peur qu’il soit arrivé trop tard… Les premiers jours sont difficiles, il chute régulièrement, il a peur de nous et ne mange presque rien.. Mais il reprend des forces et encore aujourd’hui il est un pensionnaire du centre !! 😁 

L’arrivée d’un petit frère ! 

Lors de la 2ème semaine, une nouvelle recrue fait son apparition et c’est l’excitation générale !! Un bébé singe hurleur de 1 mois et demi, lui aussi séparé de sa mère… C’est un signe d’espoir pour Apu car les singes hurleurs ne vivent qu’en groupe composé de 2 mâles, ils auront donc une chance d’être relâchés ensemble après leur un an ! 

Mais pour l’instant, le petit Hanu est un peu terrorisé… il pleure, hurle et se débat. Il est très difficile de le calmer. Alors nous passons beaucoup de temps avec lui. Enroulé dans une petite couverture, il faut marcher afin d’espérer qu’il se calme un peu. 


Avec Théo, nous passons les 2 premières nuits avec lui. La première, tout se passe bien, il dort comme un bébé après cette journée bien éprouvante pour lui. Mais lors de la 2ème nuit, nous sommes réveillés plusieurs fois pour lui donner à manger, à boire, le bercer pour qu’il se rendorme! 

Heureusement pour moi, Théo a le droit de s’en occuper aussi ! Et il est très doué pour le calmer 😉 

La veille de notre départ, Fred décide de faire se rencontrer les deux singes. Et quelle surprise de voir Apu jouer instinctivement le rôle du grand frère protecteur, très intrigué et doux ! C’est très encourageant pour la suite 🙂. 

Une nuit dans la jungle 

Une dernière expérience s’impose avant de partir : une nuit en bivouac dans la jungle ! Lors d’une balade, nous avions repéré un coin en hauteur où nous pourrions planter la tente. Alors on s’équipe, machette, bottes, réchaud et pâtes (on ne change pas les habitudes de bivouac !). 

1h plus tard, nous voilà arrivés, une vue imprenable sur le fleuve, un petit espace dégagé pour la tente et même un coin pour faire du feu (afin de mettre en garde toute bêbete qui voudrait s’approcher !) 


Le feu est allumé avant la tombée de la nuit, les bruits de la jungle s’amplifient, mais il ne faut pas s’imaginer tout ce qui pourrait y avoir derrière nous…  Finalement la soirée se passe bien, nous filons dans la tente en se laissant bercer par cette cacophonie ! 

L’heure du départ 

Après ces deux semaines intenses, il est dur de quitter ce petit coin de paradis. L’expérience a été d’une richesse incroyable, autant la vie dans la jungle que le contact avec les animaux. 

Nous reprenons le bateau-taxi qui nous ramène à Rurrenabaque, le cœur gros… Mais pas le temps de s’attrister puisqu’une nouvelle nuit de bus et plus de 20h de trajet nous attendent !

Manon

6 commentaires

  • Manue

    C’est vraiment un coin de paradis (si on oublie les quelques bêtes bien effrayantes) ! Quelle chance d’avoir pu cotoyer ces animaux de si près !

  • martine

    Quelle expérience incroyable! vivre auprès de ces animaux, les caresser, les câliner devaient être des moments magiques! Et en amazonie ,en plus!! souvenirs, souvenirs!!
    bisous

  • Marcel ILTIS

    Je n’avais pas pris le temps de suivre vos aventures ces derniers temps. J’ai rattrapé le retard désormais!… Vous avez vraiment vécu des moments extraordinaires tant avec les parents qu’après leur départ. Bravo Théo pour cette ascension difficile et éprouvante dans la glace . Potosi et le lac Titikaka me parlaient bien pour y avoir été en…1978. Le souvenir que j’ai pour ma part du lac Titikaka , c’est une journée de pêche à la traîne sur le lac sans attraper le moindre poisson ni même avoir la moindre touche avec un indien qui machouillait impassiblement sa feuille de coka sur son petit voilier. Un vrai truc pour touristes sans doute!… Merci aussi pour ces images attendrissantes de votre séjour en jungle bolivienne. Bises à tous les 2

  • dan

    Quelle belle expérience !! Tout à l’air magique dans cet article, la jungle, le Rio, la lumière, et puis ces bestioles incroyables… Ibo est trop bo ! Et l’expérience maman-singe, ça à du être très fort ! (bon, un peu frustrant pour le « mâle Alpha » 😂).. Et tout ça pour sauver et rendre la liberté à ces bébêtes.. Cool 😀.. Viva la Selva 😉

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