Blog,  Volontariat

Un mois de vadrouille aux Antilles

Mon avis sur la transat

A mon tour de vous parler de la transat. Après 13 jours et 8h de traversée, nous sommes enfin en Martinique ! Très heureuse d’arriver sur terre après cette navigation vraiment compliquée. J’écris maintenant cet article un mois plus tard. Avec du recul il est plus facile de voir les côtés positifs : je suis contente de l’avoir fait, c’était une bonne expérience, rude et fatiguante mais enrichissante. Cependant, si vous m’aviez demandé le 21 décembre de remonter sur un bateau je vous aurais répondu : « Non, la mer c’est fini pour moi !!! »

Mais notre projet de base était de rejoindre l’Amérique en bateau alors nous avons repris les recherches, pris sur nous (sur moi surtout !) et nous voilà aujourd’hui en pleine mer des Caraïbes, sur un beau voilier de 55 pieds. Mais n’allons pas trop vite, je vais ici vous parler de notre séjour aux Antilles.



Arrivée en Martinique

La Martinique nous surprend, nous envoûte avec ses paysages verts, ses plages de sable blanc et noir et sa mer turquoise. Nous sommes subjugués par l’abondance de la végétation, par les plantations, les jardins des maisons et la jungle dense. 

Lors de notre première soirée à terre, nous sommes hébergés chez un ami. La nuit sera assez chaotique, entre les moustiques, la chaleur, la douleur au bras et la fièvre (merci au vaccin du covid !) ainsi que le mal de terre ! On se réveille fatigués, mais la vue depuis la maison nous fait vite oublier cette mauvaise nuit : une vue imprenable sur la baie du Diamant, où nous allons passer la matinée. 

Notre ami nous prête sa voiture pour la semaine car il repart en France, nous aurons donc la possibilité de visiter à notre aise. En effet, il est assez difficile de se déplacer en transport. Et puis les bus en Martinique… c’est très aléatoire ! 



Le sud de l’île

Le réveillon de Noël sera moins festif que d’habitude mais nous sommes contents de nous retrouver que tous les deux après plus d’un mois et demi sur le bateau avec notre skipper.

Le lendemain, Charlotte et Simon, le couple de français rencontré au Cap-Vert, nous proposent de se retrouver pour une randonnée et une nuit en bivouac sur la plage. On découvre la presqu’île de la Caravelle par un magnifique sentier le long de la côte, entre la mangrove sèche et les falaises plongeant dans l’eau.

En Martinique, il existe des carbets, de petits abris très basiques sans murs, très pratiques pour installer les hamacs et être protégé des fameux mancenilliers. Très courant sur l’île, les feuilles et le tronc de ces arbres, provoquent de graves brûlures en cas de contact. Nous installons donc nos tentes et hamacs sous l’abri et la soirée se fera autour d’un feu sur la plage.

Notre campement

Ce jour-là, Théo, faisant la sieste sur la plage, a failli se faire assommer par une noix de coco ! Ils décident avec Simon, de l’ouvrir. Commence alors une longue lutte contre la coque de la coco, découpée à l’opinel. Avec beaucoup de persévérance, ils finissent par atteindre le centre et nous font goûter l’eau de coco. Très particulier, elle n’a pas vraiment le goût que l’on connaît, mais une fois ouverte, on peut déguster la chair qui est excellente ! Comme au Cap-Vert, on adore déguster les fruits trouvés dans la nature, les maracujas (fruits de passion), goyaves, mangues et cocos.

Les journées s’enchaînent, entre de nouvelles randonnées et des moments de repos au Airbnb à travailler sur les articles, le montage, lire et faire un peu de sport. C’est agréable de prendre le temps et de profiter du logement. Sur la grande terrasse, nous avons une vue imprenable sur la jungle, les montagnes ainsi que la baie de Fort-de-France. 

Vue de la terrasse

On observe aussi pour la première fois les colibris qui viennent butiner les belles fleurs rouges sous nos yeux. Leurs longs becs et la rapidité de leur mouvement et changements de directions sont assez fascinants.

A la tombée de la nuit, changement d’ambiance. Les moustiques débarquent et ont l’air d’adorer notre peau. Théo devient un Maître serial killer de moustiques ! Cela ne nous empêche malheureusement pas de se faire piquer, il faut donc s’équiper à partir de 18h, pantalons, chaussettes et chemises à manches longues ! Heureusement les quelques geckos de la terrasse sont devenus nos amis et chassent avec nous les moustiques ! 

Avec Charles et Titouan rencontrés à Mindelo, on part pour une randonnée au sud de l’ile. Après avoir longé la belle plage des Salines, on se retrouve dans la mangrove, puis devant des étangs où il est possible d’observer des oiseaux, et enfin face à la Savane des Pétrifications. Paysage surprenant composé de prairies couleur ocre ondulant sous le vent, de cactus dignes d’un désert mexicain et de collines verdoyantes. C’est très sauvage et on s’attendrait presque à voir passer un troupeau de gnous pourchassés par des lionnes.

Savane des Pétrifications
Face à l’Atlantique
Plage des Salines

Passage obligatoire en Martinique : une distillerie de rhum ! C’est à la célèbre Habitation Clément que l’on découvre l’histoire de la canne à sucre et son chemin au fil des millénaires. Initialement découverte en Polynésie, parcourant la terre avec les années et les hommes ce n’est qu’au XVIIème siècle qu’elle est implantée aux Antilles. Elle deviendra par la suite la principale ressource envoyée en Europe via le commerce triangulaire. Nous avons pu déguster plusieurs rhums en fin de visite, des rhums vieux et des planteurs (mélange de rhum blanc et de jus de fruit, appelé « punch » chez nous – merci Christophe de nous avoir donné un petit cours sur les bonnes définitions ! 😀 ). Et on en a profité pour faire quelques cadeaux à envoyer à la famille ! 😉

Anciennes machineries
Habitation Clément


On s’était imaginé qu’en Martinique il faisait beau tout le temps (surtout à cette époque) et qu’il ne pleuvait jamais… Le 31 décembre nous a bien prouvé le contraire. Nous devions rejoindre Charlotte et Simon sur une plage un peu au nord de Fort-de-France. Arrivés à 16h en ville, nous avons attendu 2h30 un bus qui n’est jamais arrivé. C’est donc à 18h30, de nuit et sous une pluie battante que l’on a dû faire du stop. Une voiture s’arrête et nous dépose en haut de la plage. Il nous reste encore 100m de dénivelé à descendre, sur un sol glissant et trempé (comme nous !). Heureusement, en arrivant sous le carbet de la plage, un bon feu nous attend ainsi qu’une bière en guise de récompense et réconfort ! Après avoir mis le saumon en papillote dans les braises et coupé le saucisson, ces galères sont de l’histoire ancienne et on passe une excellente soirée 😉

Soirée du nouvel an avec les copains de voyage !
La plage de notre 1ère baignade de 2022

Le nord de l’île 

Après 10 jours, nous changeons de Airbnb pour rejoindre un petit village de pêcheur : Case-Pilote. 

On adore venir sur la plage vers 17h pour assister au retour de la pêche quotidienne. Ici on appelle ça « tirer la senne ». Un bateau de pêcheur ramène un long filet au plus proche de la plage. Les habitants du village qui le souhaitent peuvent aider à tirer le filet ou prendre masque et tuba afin de vérifier qu’il ne s’accroche pas dans l’eau. Il faut ensuite trier les poissons : les plus gros sont récupérés par le pêcheur mais les petits seront laissés à celles et ceux qui ont aidé.

La bataille commence alors entre les chats sur la plage et les pélicans dans l’eau. Chacun se bat pour récupérer le moindre petit poisson qui serait passé entre les mailles du filet.

On découvre le canal de Beauregard ou canal des Esclaves, construit par ces derniers afin d’acheminer l’eau douce des montagnes vers la côte ouest. On se balade pendant 1h30 sur un petit muret de 30 cm de large, avec d’un côté l’eau du canal et de l’autre des précipices vertigineux ou des zones de forêt vierge.

Canal des Esclaves
Jardin de Balata
Jardin de Balata
Rose de porcelaine

La Guadeloupe 

Notre séjour martiniquais se termine et Christophe, l’ancien chef de Théo nous attend en Guadeloupe, où l’on se rend en ferry. Il nous héberge 2 nuits dans sa belle maison à Saint-Anne. Lui et sa femme nous font visiter l’île, découvrir la gastronomie locale, les belles plages et nous emmènent nager avec les tortues à Malendure.

Christophe et Isabelle
Cascade des écrevisses

(Merci à Christophe pour ces belles photos !)

On enchaîne avec 2 nuits de bivouac sur la plage, malgré le couvre-feu à 20h. Le matin de la première nuit, après avoir plié toutes nos affaires, Théo m’appelle presque en hurlant car il vient de voir une baleine dans la baie à environ 500 m de la plage !! Il se passe 2h où deux baleines plongent, remontent à la surface pour respirer puis replongent pendant environ 10-12 min. On est ébahis, on guette chaque mouvement de l’eau, les attendant. Et le clou du spectacle, leur dernière apparition : un saut majestueux à plus de 4m de hauteur, comme une chorégraphie bien orchestrée. Elles nous laissent avec des frissons dans tout le corps, on a même du mal à réaliser ce que l’on vient de voir, c’était tellement rapide mais si beau !!

Baleine en vue !

Le wwoofing 

Nous passons une semaine sur les hauteurs de Pointe-Noire, en wwoofing ( = World-Wide Opportunities on Organic Farms). C’est un réseau mondial qui permet de travailler dans des fermes écologiques ou lieux proposant des alternatives écologiques. C’est une première expérience pour nous. Le domaine est magnifique, Geneviève a aménagé son jardin en un éco-musée à ciel ouvert. On se balade entre les énormes roches volcaniques, les arbres fruitiers et plantes exotiques. Un espace camping a été aménagé pour les wwoofers à l’écart de la maison où on peut planter la tente (et faire du feu !!). Elle nous a proposé une liste de différentes tâches que nous pouvons réaliser, ainsi nous avons bricolé une barrière pour fermer son terrain, désherbé et enlevé les feuilles mortes, construit un potager en hauteur, peint le nom du musée sur un panneau en bois, transféré des poissons d’une mare dans une baignoire…

Sur les conseils du frère de Théo, Antonin, le potager a été rempli selon le principe de lasagnes de permaculture. Voici les différentes couches en partant du fond :

  • 1ère couche de carton
  • 2ème couche de terre de compost alimentaire avec quelques éléments encore non décomposés
  • 3ème couche « brune » avec éléments carbonés en décomposition (feuilles mortes, souches mortes, branches en décomposition)
  • 4ème couche azotée (bois encore vert, herbe coupée, défrichage, broyat vert)
    Si on a de la place, on peut alterner plusieurs couches brunes et vertes
  • Dernière couche de terre genre terreau puis paillage

Les potagers en permaculture
Atelier peinture

Le principe du wwoofing est d’être nourri et logé, et chaque jour Geneviève nous régale d’excellents plats locaux et traditionnels comme le court-bouillon de poisson, le colombo de poulet, igname, malanga, gombo, fruit à pain…

Geneviève
Sa maison

Nous travaillons le matin, de 8h à 12h30, puis on prend le repas tous les 3 et nous sommes libres l’après-midi. Geneviève nous propose un jour de l’accompagner au bourg de Bouillante. Ce village est nommé d’après les sources chaudes naturelles qui sont situées juste à côté. Une rivière provenant d’une usine géothermique se déverse sur le bord de la plage : c’est très surprenant de se baigner en pleine mer dans une eau à 40° ! Malheureusement, le coin est très touristique, et nous ne sommes pas seuls à venir profiter d’un bain chaud au coucher de soleil. L’odeur de soufre / œuf pourri, ne nous a pas empêchés de profiter pleinement de ce moment de détente. Le plus dur a été de prendre une douche au retour au wwoofing, puisque l’eau chaude n’est pas encore été installée dans la zone de camping !


Surprise, dans mon lit, ça bouge !

Les scolopendres sont des sortes de mille-pattes que l’on retrouve dans la jungle en Guadeloupe. Pouvant mesurer de 5 à 50 cm, le contact provoque de terribles douleurs.

Nous avions déjà vu deux scolopendres dans le jardin, mais de loin uniquement. Un soir, en nous couchant dans la tente, Théo me dit qu’il entend un petit bruit bizarre. Il se lève, allume la lampe frontale et voit un scolopendre de 15 cm de long dans la tente, juste à côté de nos têtes !! La panique s’installe, il faut absolument le tuer. Théo prend sa tongue, faute de mieux, et malgré les mouvements vifs du mille-pattes, il lui assène un premier coup de tongue. Puis un deuxième et un troisième. Mais rien n’a l’air de l’atteindre … Au bout du 10 ou 15ème coup, le scolopendre semble enfin mort !! Théo le jette vite dehors et nous commençons une inspection complète de la tente : habits, duvets, matelas, drap de sac, tout y passe ! Comment a-t-il pu rentrer alors que ne faisons toujours bien attention ?

Une fois (à moitié) rassurée, on tente de se rendormir. Mais là, impossible de trouver le sommeil, je guette le moindre petit bruit et m’imagine milles et unes bêtes grimpants sur nous… La fatigue finit par avoir raison de nous et une chose est sûre, dorénavant nous ferons une vérification minutieuse de la tente avant de dormir !! Quelle affaire …




C’est notre projet !

Notre séjour en Guadeloupe se termine plus vite que prévu car nous allons reprendre la mer ! Après plusieurs contacts par Whatsapp et une rencontre lors d’un pique-nique, Louis et Olga, un couple de québécois, ont accepté de nous embarquer sur leur Océanis 55 (17m de long). Direction le Panama, avec une escale prévue sur l’île de Bonaire, Antilles néerlandaises au nord du Vénézuela. La navigation est assez courte, 3 jours jusqu’à Bonaire puis 5 jours pour rejoindre le continent. Très excités de ce nouveau départ, on espère seulement que la mer sera plus calme que lors de la transatlantique !

Manon



Par ici pour la vidéo de la Martinique, et là celle de la Guadeloupe ! 🙂




8 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *