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Road-trip sur l’île du Nord (NZ) – Traditions, nature et culture

Mai 2023

Le navire qui nous emmène de l’île du Sud à l’île du Nord se balance doucement au creux des vagues. Dehors, l’ambiance est sinistre – des nuages sombres ternissent l’horizon et une écharpe de pluie défile, s’ouvre et se ferme comme un rideau entre deux actes de théâtre. Notre place sur ce ferry, avec notre van Madidi : voilà la seule chose que nous avons dû réserver longtemps à l’avance pendant nos 4 mois ici, car nous savions que les places partent vite. 

Nous débarquons à Wellington, capitale de Nouvelle-Zélande. Dans cette ville agréable, arborée, étendue et moderne, nous garons notre véhicule dans l’un des freecamp, un parking à quelques kilomètres de l’hypercentre. C’est le festival des Campers (van habitable) – une centaine d’entre eux s’alignent côte à côte. Comme toujours, il faut réfléchir où s’ouvre notre porte coulissante par rapport à celle du voisin, pour garder un peu d’intimité. Nous resterons 3 jours et 2 nuits, afin de visiter la ville et d’effectuer quelques démarches administratives.

Paperasse et balade dans la capitale la « plus cool » du monde

Tout d’abord, Manon doit refaire son passeport à l’ambassade de France. Celui-ci expire mi-2024, or nous serons tout juste revenus en France. Il nous faut donc anticiper car certains pays demandent un passeport valide pour 6 mois minimum ! Elle en commande un nouveau, qui sera livré à Auckland, tout au nord. En espérant qu’il n’y ait pas de retard dans la livraison… 4 semaines annoncées !

Après quelques courses et un bon barbecue sur notre freecamp, on se remet en route pour le centre-ville, à pied cette fois. Le quai est très agréable, avec une grande zone piétonne, et pleins d’arbres, les fameux pins de Northwood, issus de l’île homonyme au cœur du Pacifique. Des statues d’art contemporain, des vieux bateaux qui autrefois servaient de remorqueurs, de pilotes, de dragueurs, ou encore des restes de baleiniers sont exposés le long des passerelles. 

Art et culture

La nuit tombée, nous nous engageons dans les ruelles sombres d’un autre quartier, beaucoup moins connu. Ambiance britannique, brouillard, petite pluie fine, pubs animés, et quelques voitures qui pétaradent au loin. Nous poussons les portes du Moon Pizza Music and Beer Bar, dont la musique nous parvient de l’extérieur – tous les jeudis soir, c’est « jam session » ! Manon a trouvé l’info en ligne, et on passe une soirée géniale ! Le public est bien barjo, dont les représentants les plus fous s’affichent dans des looks rétro-futuristes, discos ou steampunk. Sur scène, chaque groupe a 15 min pour faire quelques chansons – du rock, du métal, du rap, de la variété, des covers ou des chansons originales. La bière est bonne et l’acoustique, excellente ! 🍻

Nous terminons notre séjour urbain par une dernière sortie culturelle : la visite du musée national Te Papa, très ludique et vraiment bien fait. Incontournable pour une première visite du pays, il est possible d’y passer un ou deux jours au vu de sa surface. On en apprend beaucoup sur la Nature (géologie, sismologie, faune, flore, terre et océan), et sur l’Histoire humaine des îles (Maori, colonisation britannique, époque moderne) et la culture (art, littérature, sciences, traditions). Un bel effort est fait pour mettre en avant la culture Maori, notamment en traduisant absolument tout dans les deux langues, anglaise et maori. Dans les faits marquants, on retient notamment qu’en 500 ans (maoris et européens inclus), la couverture forestière est passée de 85% à moins de 30%… Tout ça, pour l’industrie marine, la construction de villages/maisons et à cause des brûlis pour les pâturages de moutons et bovins.

Un peu de nature !

Enfin, nous quittons Wellington et reprenons la route vers le Nord. Nous passons 2 nuits au bord d’une rivière charmante, à 2h de la capitale. Au programme : bain de soleil, peinture, lecture, écriture, et quelques petites balades. Le matin on discute avec un des voisins, un kiwi qui a justement racheté un van « Mad Campers » (la marque de notre van) en fin de vie, qui l’a retapé et qui fonctionne encore bien ! C’est marrant de voir l’intérieur d’un van que l’on connait par cœur, sans l’habillage jaune et noir extérieur auquel on s’est habitué ! Le soir, nous allumons un grand feu de joie pour nous réchauffer, car il fait encore frais et bien humide.

Sur les traces d’Elrond, à Rivendell

La visite de Fondcombe (Rivendell en anglais) dans le parc national de Kaitoke, était au programme depuis longtemps ! Il s’agit d’un lieu féérique, au milieu des montagnes et des cascades, où habitent les Elfes menés par Elrond dans le Seigneur des Anneaux, et dont le tournage s’est fait ici, dans une forêt de l’île du Nord. Bon, comme d’habitude il faut une grande part d’imagination ! Mais on joue le jeu et la balade est sympa 😉

Quelques petites anecdotes que l’on peut noter :

  • Les décors de Fondcombe ont été construits en bois et les ponts ont été conçus pour s’intégrer parfaitement dans l’environnement naturel. Après le tournage, les décors ont été démontés pour préserver l’intégrité du parc national.
  • Les acteurs et l’équipe de tournage ont dû faire face à des pluies torrentielles, des vents forts et des deltas de températures très grands.
  • Viggo Mortensen (Aragorn) a mentionné qu’il passait beaucoup de temps à explorer les environs pour se reconnecter avec la nature, afin de mieux rentrer dans son personnage.
  • Orlando Bloom (Legolas) a raconté qu’il a appris à tirer à l’arc et à monter à cheval dans les forêts de Kaitoke.
  • Les costumes et les prothèses utilisés pour les Elfes étaient extrêmement détaillés. Liv Tyler (Arwen) a raconté que porter les oreilles pointues était parfois inconfortable, mais que cela ajoutait à l’authenticité de son personnage.
  • Pour les scènes de Fondcombe, les acteurs ont souvent dû marcher dans l’eau (très) froide, ajoutant à l’inconfort global mais augmentant le réalisme du tournage.

Face à la mer, j’aurais pu mourir

Manon prend le volant et nous emmène en direction du Nord-Est, sur la côte Pacifique. 5h de voiture sur une route pas très passionnante, avec un arrêt piscine pour faire un peu de sport et prendre une douche (!!), nous arrivons de nuit sur une plage qui semble un peu abandonnée. Il fait froid et le vent souffle fort – nous sommes encore en hiver ici ! On s’insère entre deux camping-cars qui semblent s’être enracinés depuis plusieurs décennies. Pour dîner, Manon nous prépare une raclette faite maison, sans appareil et sans raclette ! Et c’est très bon 😛

Le site est superbe, littéralement face à la mer. Au réveil, malgré la couverture nuageuse bien marquée, les falaises derrière nous et les vagues devant suspendent le temps. Entre deux balades sur le bord de mer, nous nous plongeons dans la recherche d’un house-sitting (garde de maison) ou d’un volontariat, pour les deux semaines qui précèderont notre départ de NZ pour Singapour, lorsque nous aurons rendu notre van et que nous serons sans domicile. Manon essaye même l’aquarelle sur mon bras, pour voir si je suis prêt à me faire un tatouage ou pas ! C’est tellement tentant, en voyant tous ces kiwis recouverts de beaux designs maoris ! Le lendemain, je me lève à 5h pour voir le lever de soleil. Il fait beau, et la lumière est incroyable !! J’envoie le drone dans les airs, et je prends sans doute mes plus beaux clichés aériens du voyage !

Napier – entre art déco, séismes et tempêtes




Manon avance quelques mètres devant moi, au cœur d’un
décor de cinéma. Les rues de Napier sont colorées, et construites dans le style particulier typique des années 20, l’art déco. Re-construites, devrais-je dire. En effet, la ville fut presque totalement détruite en 1931 par un séisme de magnitude 7.8, qui fit 256 morts, soit le tremblement de terre le plus meurtrier de la Nouvelle-Zélande. Ainsi, dans le style de l’époque, il fut décidé de reconstruire au look art-déco, et la ville maintient depuis les bâtiments qui nous transportent dans une autre époque.


On visite le musée du tremblement de terre, puis on s’achète un fish & chips que l’on va manger sur la plage de sable noir, devant la ville !

La région a été également dévastée quelques mois avant notre arrivée par le cyclone Gabrielle, en février 2023. Les vignes et les vergers ont beaucoup soufferts, et la route que l’on prend jusqu’à Taupo est d’une tristesse absolue. Monde apocalyptique où les maisons sont coupées en deux, où les tas de boue de plusieurs mètres de haut cernent la route comme les remparts d’un château-fort. Les champs n’existent plus, et cela me fait penser à ces images de batailles de la Première Guerre Mondiale. A la bataille de la Somme ou de Verdun, à ces espaces ravagés par les tirs d’obus (les images ci-dessous ont été prises sur internet).

Freecamp glauque autour de Taupo

Alors pour soutenir l’économie locale, on s’arrête dans une cave à vin, la Crab Farm Winery 😊 On déguste 5 vins et on achète 2 bouteilles, pour les jours à venir ! Direction Taupo, au centre de l’île du Nord. On repère un freecamp sur la carte, mais la route pour y parvenir est un peu compliquée, il aurait mieux valu un 4×4… Au fin fond d’une forêt, nous sommes clairement dans un repère de chasseurs. Pick-ups avec stickers de fusil ou de sangliers sur les bords, il n’y a pas un seul touriste en vue ! L’obscurité et l’humidité règnent dans cette jungle humide, Manon reste proche de la voiture pour faire pipi, et nous avons une soudaine flemme d’aller nous promener !  😅

Après une nuit calme et sans encombre (sans coup de feu), nous descendons de la montagne vers le plus grand lac de NZ et la ville de Taupo. Nous y reviendrons plus tard, donc pas de visite aujourd’hui mais plutôt du pratico-pratique : on recharge les batteries dans la bibliothèque municipale, on télécharge quelques séries, et on pique une tête dans la piscine d’un énorme complexe chauffé par les sources géothermales qui sont légion ici.

Le road-trip continue, direction la glowworm cave, une spécificité de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande !

Theo

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