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Nos premiers kilomètres en van sur l’île du Sud, à la découverte du cœur sauvage néo-zélandais

Mercredi 26 avril 2023

Je viens de terminer mon deuxième café de la journée quand enfin, un véhicule noir, blanc et jaune attire mon attention. Je saute sur mes pieds, récupère mes affaires et je bondis dehors. C’est bien pour nous ! Une dame toute gentille nous salue et nous fait faire le tour du propriétaire. Notre nouveau compagnon, notre nouvelle maison et notre nouveau moyen de transport se trouve enfin devant nous ! Un van Mad Campers 2, de la marque Mazda (modèle Bongos), qui va nous accompagner pendant les 2 prochains mois. 

Et cette fois-ci, le road trip peut vraiment démarrer ! Direction la péninsule de Banks, une petite proéminence volcanique qui se détache de la cote est de l’île. Peuplée depuis un millénaire par des tribus mahoris, puis (re)découverte par James Cook en 1770, elle est ainsi nommée en l’honneur de son botaniste, Joseph Banks. Nous traversons un premier tunnel jusqu’au port historique de Lyttleton, qui fut la porte d’entrée sur le territoire néo-zélandais pour de nombreux colons.

On empile les sacs à dos sur les banquettes arrières, met les clés dans le contact… et zééé parti ! Je n’ai pas conduit depuis Ushuaïa en Argentine, et ça me manquait déjà. Ici on conduit à gauche, la boîte de transmission est automatique et le format un peu plus grand que d’habitude, mais nous sommes surexcités à l’idée de cette nouvelle aventure ! On commence par faire quelques courses pour remplir notre frigo et les petits « placards ». Countdown et Pak’n save, les deux enseignes où nous allions à Gisborne, sont toujours là sur l’île du Sud. 

Après un premier pique-nique dans le van face à une vue magnifique sur la baie, il est l’heure de ranger nos affaires ! Une partie dans les placards de la cuisine, les vêtements sous les sièges, et toutes les affaires non nécessaires finissent dans le coffre de toit, bien pratique ! Il ne fait pas très chaud, on garde donc nos duvets à portée de main. Nous roulons encore quelques heures, en direction d’un lieu que nous avons repéré sur Google Maps – isolé, en hauteur avec une belle vue sur les montagnes. Mais pour y arriver, nous devons d’abord passer un col, et alors que nous étions en pleine descente, une odeur de brûlé se fait sentir dans la cabine ! Je ralentis, m’arrête et je fais un tour de la voiture – ça semble provenir des freins, avec cette odeur chimique très forte. Et à bien y réfléchir, l’agence nous a effectivement dit qu’ils ont changé les plaquettes hier, ils sont donc tout neufs ! On croise les doigts pour que ce ne soit que ça, simplement la couche extérieure qui s’use avec la première utilisation. Quelques minutes plus tard lorsque l’odeur s’est dissipée, je remets le moteur en route, jusqu’à notre spot pour la nuit. Les freins n’ont pas lâchés malgré la pente à presque 20%, c’était un peu le stress dans la voiture !

Le soleil se couche et devant nous le ciel est magnifique ! Nous marchons un peu, au milieu des hautes herbes et avec une vue lointaine sur la mer. On retourne au van avec quelques photos en poche, et une première prise de vue aérienne avec le drone ! Le vent souffle fort et c’est l’occasion de tester dès la première nuit, notre « canopee », comme ils l’appellent. Il s’agit d’une bâche (mi-tissu mi-plastique), avec 3 fermetures éclairs, qui se fixe autour de la porte du coffre que l’on ouvre en grand. La cuisine étant située à l’arrière, en extérieur, cela nous permet d’agrandir la surface fermée du van et de pouvoir cuisiner à l’abri du vent et de la pluie. C’est ultra efficace, et en quelques jours nous serons capable de l’installer et la démonter en une ou deux minutes. A noter tout de même quelques inconvénients : l’odeur de la cuisine qui rentre dans le van, et cela tout reste de même un peu encombrant.

Seuls sur notre parking, nous nous endormons sous les étoiles de l’hémisphère sud, face à l’océan pacifique, par quelques degrés au-dessus de 0. Le réveil aux aurores est difficile… Tout est humide, les vitres sont trempées de condensation, et notre bouche expire un joli nuage de buée à chaque respiration. Nous ouvrons la porte du coffre pour laisser la lumière et les premiers rayons de soleil rentrer. Tout est une « première » pour nous – c’est donc notre premier petit déjeuner en plein nature, dans notre van que nous avons surnommé « Madidi », en l’honneur de « Mad Campers », l’agence qui nous le loue, et du parc national du même nom en Bolivie, en Amazonie, là où nous avions fait notre volontariat.

La route nous emmène vers Akaroa, un village dont les habitants descendent plus ou moins de colons français. Pour la petite histoire, dans les décennies qui suivirent la découverte par les anglais de l’île, des baleiniers français décident en 1838 de créer une colonie sur la péninsule de Banks, afin de pouvoir stocker puis vendre de l’huile de baleine, et réparer les bateaux abîmés. Ils achètent des terres aux mahoris, rentrent en France pour monter une expédition de colonisation. Mais le temps de la préparer et de revenir, les anglais ont déjà pris possession des terres ! Les français sont autorisés à s’installer dans le village de Akaroa, qui basculera quelques années plus tard sous contrôle britannique. 

Des restaurants, des magasins et le nom des rues sont autant de petits clins d’œil à la culture française, et rendent le village très touristique. On ne s’y attarde pas, mais on fait quand même le plein de produits qui nous avaient manqué ! Du comté, du fromage frais, du saucisson, du pâté et du pain frais ! A midi, c’est pique-nique sur le port du village devant le joli phare en bois, et café – chocolat – orange en dessert ! Ça y est les vacances commencent 😁

Un dernier bivouac sur la péninsule de Banks, en hauteur encore une fois ! Sur le bord d’une route très peu empruntée, avec de nouveau un magnifique coucher de soleil, et un superbe ciel étoilé. Le froid est encore plus vif ce soir, et au réveil nous sommes dans le brouillard complet ! La vue se dégage au lever du soleil et l’ambiance est magique sur la crête que nous empruntons. Les rayons illuminent le champ en lisière de la route, où des diamants de rosée brillent au sommet des brins d’herbes. Nous rentrons en direction de Christchurch, non sans nous arrêter ponctuellement pour manger, prendre des photos, regarder les alpagas qui broutent bêtement au-dessus de nos têtes, nous rappelant l’Amérique du Sud.

En ville, on complète nos courses mais surtout, nous passons à la poste, car j’ai un paquet de la part de mes parents pour mon anniversaire ! Une jolie enveloppe matelassée, dans laquelle je trouve des lettres, des dessins, et une clé usb. Gardant la surprise pour plus tard, après un petit restaurant chinois sympa, nous mettons le cap au sud-ouest, vers le centre de l’île. Après quelques kilomètres peu intéressants mais où (enfin!) on consomme un peu moins, on pose le van au pied d’une parcelle de forêt de pins. Au calme et sans personne pour nous déranger, Manon cuisine pendant que j’ouvre mes cadeaux – et l’émotion est là, les larmes aussi. Des mots doux et philosophiques, pleins de photos et vidéos, bref, un petit bout de « chez moi » ici aux antipodes de la France, en Nouvelle-Zélande 💙 

Nous reprenons la route de bon matin, une nouvelle fois dans la brume. On quitte l’autoroute de la côte Ouest, et loin devant, le profil des montagnes apparaissent. Le paysage change, les lignes droites se courbent, le plan horizontal s’incline légèrement et nous prenons de l’altitude. Les pâtures bien vertes des moutons laissent la place aux immenses champs jaunies, typique de cette zone aride de l’île du sud. Pour les fans, on reconnaît bien des steppes visibles dans le Seigneur des anneaux. Imaginez Legolas, Aragorn et Gimli crapahutant dans ces herbes à la recherche de 2 jeunes hobbits. Un peu geekos dans l’âme, nous, on les imaginait très bien !

Les feuillus encore verts dans la plaine prennent des tons ocres, tuile et rouge brique. Alors que nous étions plongés dans une contemplation profonde du paysage, une nouvelle courbe de la route nous dévoile soudainement le lac Tekapo. Magnifiquement bleu, sa forme allongée crée une sensation d’immensité.

Une piste s’éloigne de la zone touristique et s’enfuit vers l’horizon montagneux. Des nuages de poussières soulevés par les pickups roulant à tombeau ouvert s’échappent et tournoient sur les berges du lac, avant de disparaître complètement. Quelques propriétaires agricoles vivent au-delà du lac, dans de grandes fermes isolées, dont le commerce principal est celui de la laine de mouton, d’alpagas, du lait ou de la viande de bœuf.

Nous ferons ensuite une brève halte au village qui borde le lac, où les couleurs d’automne contrastent en harmonie avec le bleu profond de l’eau.
Une petite église traditionnelle, construite en 1935 par un architecte de Christchurch, repose paisiblement sur les berges du Tekapo. Très bien préservée, elle appelle à la contemplation, qui est parfois un peu difficile. En effet, des hordes de touristes asiatiques la prennent d’assaut pour un shooting interminable, au coucher du soleil.

Tout est parfait… sauf le nombre d’emplacements gratuits (freecamp), très limité. Mais basé sur l’absence d’indication claire quant au camping « sur les bords de route », on prend ça pour un oui, et on déniche un petit parking relativement plat avec une vue magnifique sur le lac. Il fait déjà sombre, donc ce sera pour le lever de soleil… À 23h, une voiture se gare à côté de nous sur notre (mini) spot, et on entend pleins d’éclats de voix… On sort voir ce qu’il se passe, et il s’agissait d’un photographe pro qui prenait en photos des jeunes mariés chinois, contre notre van, puis dans le champ des moutons à côté. 

Le gars en question !

Ils finissent par partir, et on passe une nuit calme, bien que glaciale… A 6h30, nous ouvrons les portes du coffre, que j’avais positionné face à la vue, prêt pour un petit déjeuner magique ! Mais…. PILE devant notre porte, en plein milieu, se tient un type qui prend un timelapse (série de photos) de la belle vue, en nous tournant le dos. Je retiens Manon de lui sauter dessus, et lui demande s’il peut se décaler d’un mètre sur le côté (logique non ?!) pour ne pas gâcher le paysage, et pouvoir déjeuner tranquille. Bref, la région est magnifique, mais également très… touristique ! Je vous garde un peu de montagne et de froid pour la suite 😉🏔️

Théo

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