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Ushuaia – une terre du bout du monde

Les montagnes d’El Chalten s’estompent, l’immensité de la route 40 nous écrase de nouveau. Ilda et Pablo nous emmènent, musique à fond, elle chante et discute alors que lui tente de se reposer. 450 km de route nous séparent de Rio Gallegos où nous prévoyons de passer la nuit. Cette ville est notre dernière étape avant la Tierra de Fuego !

Nous passons une première nuit dans cette ville étrange, plate mais étendue, où les quartiers sont séparés par des terrains vagues, où les chiens errants sont plus avenants que les habitants. Le « camping » où nous pensions dormir n’est qu’un terrain de foot et nous venons visiblement de déranger le propriétaire qui organise une fête avec sa famille dans la salle commune. Finalement, nous trouvons refuge dans un hostel, avant de repartir le lendemain au plus tôt !

Malgré le vent fort et le ciel menaçant, c’est en stop que nous essayons de continuer notre route ! Mais après la troisième averse, nous décidons d’abandonner et de nous rendre au terminal de bus. Malheureusement, le seul bus pour Ushuaïa part le matin tôt, nous devons donc passer une 2ème nuit à Río Gallegos…

Journée frontières

Départ à 8h, arrivée à 21h30 à Ushuaïa !! Pour seulement 580 km… La raison est simple, il faut traverser la frontière Argentine-Chili, puis Chili-Argentine et prendre un ferry sur le détroit de Magellan. Le passage de frontière n’est pas compliqué mais la cinquantaine de personnes présente avec nous dans le bus doivent elles-aussi réaliser les procédures administratives… Il nous faut prendre notre mal en patience ! 

Cependant, après cette journée fatiguante, l’arrivée à Ushuaia est assez spectaculaire! Le coucher de soleil baigne d’une lumière dorée la ville et le front de mer. Le ciel est menaçant, l’ambiance fait très « fin del mundo »

Nous voici donc sur la terre de feu, qui fût nommée ainsi car les colons virent sur les côtes de l’île, au loin, des feux que les tribus natives allumaient. 

Magellan découvrit ce bout de terre en 1520 lors d’une expédition. Cette région était alors peuplée de tribus indigènes : les Yamanas

Musée d’Ushuaia 

Nous partons à l’exploration d’Ushuaïa et passons un long moment au musée Maritime, situé dans l’ancienne prison de la ville. 

Les Yamanas, peuple autochtone, vivaient sur la Terre de feu avant l’arrivée des colons. Ce peuple comme tant d’autres, a beaucoup souffert de cette invasion. Massacre, maladie, volonté « d’éduquer”, de convertir… 

Charles Darwin passa d’ailleurs par là lors d’une mission en 1833 dans l’idée d’étudier ce peuple “primitif”. Certains ont été fait prisonnier afin d’être ramenés en Angleterre. En 1889, lors de l’exposition universelle de Paris, des Yamanas y étaient exhibés… Des familles entières servirent de spectacle au monde européen.

A la fin du XIXe siècle, des prisonniers argentins furent envoyés à Ushuaïa afin de peupler cette terre et aider dans la construction et l’expansion des colonies françaises et anglaises. 

Lors de notre expédition en bateau nous apprenons que le canal de Beagle sépare par une frontière invisible les eaux argentines et chiliennes, que chacun se doit de respecter. En effet, le dernier tronçon de terre de l’Amérique n’est pas argentin, Ushuaïa n’est pas la dernière surface habitée. Mais c’est au Chili, à Puerto Williams ! 

Des cartes plus impressionnantes les unes que les autres montrent la région du Cap Horn où tant de marins ont perdu la vie face à des vents indomptables, et à une géographie impitoyable.

Dans le canal de Beagle aussi, beaucoup d’épaves de bateau. Cependant, dans cette zone les sauvetages (humains) étaient plus faciles et l’acier des bateaux était récupéré afin de construire de nouveaux navires. 

El fin del año al fin del mundo

Aujourd’hui nous sommes le 31 décembre et nous sommes ravis de nous trouver à Ushuaïa, surtout pour la symbolique : El fin del año al fin del mundo  « la fin de l’année au bout du monde », cela nous faisait un peu rêver 😉

Notre ami argentin Ceferino, que nous avions rencontré à Grenade en Espagne, puis qui nous avait ouvert les portes de sa maison où nous avions rencontré sa sœur, est actuellement à Ushuaïa avec un ami! Nous avons donc prévu de les accueillir dans notre petit appartement pour passer une partie de la soirée. Nous mangeons un mélange de cuisine française et argentine. Empanadas, puis nos classiques d’apéro français : saucisson, dés de fromage, chips, bâtons de légumes… 

Nous avons prévu, avant minuit, de retrouver Ann et Max. Un couple d’allemand rencontré en Équateur, revu à Bariloche, rerevu à Ushuaïa deux jours avant. 

Mais la soirée passe vite, presque trop. Nous partons de l’appartement tard et c’est dans la rue que nous fêterons la bonne année ! 

Nous retrouvons Ann et Max et la soirée se poursuit jusqu’à 5h du matin, accompagnée du lever du jour. 

Rien de tel qu’une petite randonnée afin de remettre le corps d’aplomb. Le Cerró Susana est à seulement 1h de notre appartement. Nous passons devant des maisons bourgeoises qui donnent directement sur le détroit, et nous essayons d’en imaginer le prix… 

La vue que nous offre le sommet est impressionnante, même si le vent nous plaque contre la roche, nous profitons de ce panorama à 360° ! 

Découverte des environs 

Avec nos amis Ann et Max, nous décidons de louer une voiture pour 2 jours afin de parcourir le parc national Tierra de Fuego ainsi que les lagunes et glaciers de la région. 

La pluie est prévue pour toute la journée, mais nous enfilons les chaussures de marche afin de nous rendre à la Laguna Esmaralda. Le chemin est inondé, boueux, glissant… Un peu trop car les gamelles s’enchaînent, et une vieille douleur au genou ressurgit. 

La pluie ne s’arrête toujours pas en atteignant le sommet… Le pique-nique devra attendre notre retour à la voiture. 

Le brouillard, les arbres morts et la pluie donnent une ambiance un peu fin du monde ! 

Cet après-midi, nous allons marcher encore une dizaine de kilomètres pour rejoindre le glacier Vincigueros. Le chemin est dans un état encore pire, la pente est raide, et nos pieds glissent à chaque pas. Ann décide de ne pas continuer ayant peur pour la descente et au vu de ma douleur de la matinée, je décide de rentrer avec elle. Frigorifiées et trempées, nous rejoignons un petit café au niveau du parking. Nous allons donc attendre Théo et Max devant la cheminée avec un bon chocolat chaud ! 🔥

Lorsqu’ils arrivent, une bonne heure plus tard, la pluie ne s’est pas estompée une seconde… Ils sont rincés, fatigués !! Et ils nous expliquent que la vue du glacier n’était pas incroyable… Au moins cela nous conforte dans notre choix d’avoir fait demi-tour ! 

Parc national Tierra del fuego 

C’est aux aurores que nous retrouvons Ann et Max pour continuer nos balades. Ils doivent prendre leur avion dans l’après midi pour un retour sur Buenos Aires alors afin de profiter nous arrivons vers 7h30 au parc. Les gardes du parc ne sont pas encore arrivés, voilà une belle économie de faite sur l’entrée du parc ! 

Nous roulons jusqu’à la fin de la route 3, et ce point est le plus austral de l’Argentine ! 

Randonnée Cerro Guanacos 

12 km de marche pour 950m de dénivelé… Je mets au défi mon genou, je ne veux pas faire demi-tour cette fois-ci. Ann, cependant, préfère ne pas tenter la rando… Je m’équipe d’un bâton et nous voilà parti tous les trois. Aujourd’hui il ne pleut pas, mais c’est la neige que nous allons trouver un peu plus haut ! 

Le chemin est dans un état critique, il faut parfois le chercher dans des zones marécageuses, sauter par-dessus les flaques d’eau… 

Pour la dernière ascension, nous marchons dans des éboulis qui ne cessent de monter, encore et encore. Le vent nous cingle les joues, le sol est parfois gelé sous les petites couches de neige. Il faut être vigilant à chaque pas. 

Mais la vue en haut offre une belle récompense ! Dans la montagne en face, plusieurs variations de vert se terminent par le blanc des sommets. Ushuaïa se dessine au loin ainsi que le canal de Beagle. 

Au retour, nous ferons un arrêt à « La Poste du bout du monde« , puis à « La Gare du bout du monde ». Ils savent y faire niveau marketing par ici 😂. 

Expédition dans le canal de Beagle 

Le père Noël a soufflé à ma famille une idée de cadeau, ou plutôt d’expédition à nous offrir. Nous partons tout d’abord en bus jusqu’à Puerto Almanza. 1h de bateau nous attend ensuite afin d’aller observer les manchots qui ne sont présents que sur cette île!! 

Le bateau s’approche puis accoste. Nous ne pouvons descendre mais ce n’est pas nécessaire ! Des manchots papous et de Magellan se dandinent sur la plage, plongent dans l’eau. Les plus curieux s’approchent du bateau et observent ces drôles d’intrus 😉 

Le lendemain nous partons pour une 2ème expédition ! Cette fois-ci nous devons voir des oiseaux et lions de mer. Mais à peine sorti du port, notre capitaine nous annonce que deux baleines ont été aperçues dans la baie ! Il nous demande si l’on veut passer un peu de temps à les chercher et les observer ! Évidemment, tout le bateau s’exclame et quelques minutes plus tard un jet d’eau nous indique la présence de l’une d’elle. Quelle émotion ! Il s’agit de baleine à bosse, sûrement avec son petit. Ces baleines vivent entre l’Antarctique et la côte ouest de l’Amérique, elles peuvent même monter jusqu’au Pérou ! Nous passons environ 30 min à les chercher, les suivre, les observer !

Pour la suite de la balade, nous allons donc à la rencontre des lions de mer, ces grosses bêtes à crinière qui passent une bonne partie de leur journée à dormir sur les rochers. Les mâles peuvent aller jusqu’à 1 tonne, et sont polygames. 

Quelques cormorans viennent perturber le repos de ces grands mammifères.

Départ du bout du monde

Notre séjour à Ushuaïa prend fin et nous partons par un bus de nuit à 2h du matin. Le trajet s’annonce encore sport avec le double passage de frontière ! 

Allez, ciao les amis ! 

Manon

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