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Café, salsa, et histoire coloniale… Colombie, quel dernier mot ?!

600km à travers la Colombie

Une dernière journée au paradis… Dans notre hacienda, toujours la même, les dernières heures s’écoulent lentement, avant notre départ pour Armenia. Un dernier tour avec Lola, l’un des chiens de la maison, et un dernier jeu avec toute la famille avant de partir. La maman de Felipe nous apprend les règles du Parquès, jeu de société colombien, mélange de jeu de l’oie et de petits chevaux (en pas pareil).

Lola, toute endormie
Le fameux jeu du Parquès

On quitte donc la région du chocolat pour la région du café, et deux bus de 8h et un transit à Bogotà plus tard, nous voilà à Armenia, dans le même terminal où nous étions 1 mois et demi plus tôt avec Romain et Vérane. Le temps est toujours aussi maussade et la ville toujours aussi glauque. Des sans-abris un peu partout, des gens qui se piquent ou qui fument du crack entre deux bâtiments en ruines, et des chiens qui mettent les poubelles sans dessus-dessous… Depuis un tremblement de terre qui a ravagé la ville en 1999, la ville reconstruite trop rapidement a attiré les trafiquants et une population défavorisée. Notre nuit dans un hôtel correct se passe tout de même sans encombre, malgré l’interdiction absolue de sortir le soir (porte barricadée, vigile avec machette à l’entrée).


Un volontariat dans une finca de café

Le lendemain, on retrouve Gloria et Bermans, couple colombien assez chic, qui nous emmène dans leur 4×4 luxueux faire des courses de nourriture pour la semaine à venir. Elle est avocate, lui est commercial pour un magasin de montres, et ce sont eux qui organisent les volontariats pour leur finca familiale, via la plateforme workaway. Bien que nous passons la journée avec eux, nous n’allons plus les revoir de la semaine, car seulement le frère de Gloria, Pedro, sa sœur Fidelina et son mari Hector vivent sur place, dans la ferme. Mais aujourd’hui on est dimanche, ils ont le temps et nous conduisent à Pijao, un petit village surnommé la « ciudad lenta », littérallement la « ville lente ». On constate en effet que le village est très calme et n’a que peu changé avec les années (couleurs, architecture, cafés / restaurants). On goûte une arepas (galette de maïs – voir notre recette) excellente avec du beurre et recouverte d’une montagne de fromage, on boit un café sorti d’un percolateur retro-futuriste magnifique, et on assiste à deux matchs de basket masculin et féminin sur la place de ce village où le temps s’est arrêté.


Découverte de la finca familiale

A 16h, on embarque dans une Jeep Willys typique de l’armée américaine, qui sert de taxi entre le village et les fincas alentours. 20 min plus tard, après s’être fait secoués dans tous les sens, on découvre la ferme familiale. Les grands-parents de Gloria, Pedro, Fidelina et leurs 12 autres frères et sœurs (!!!) cultivaient déjà le café et bananiers il y a plus de 60 ans. Dans cette maison toute en longueur, on trouve une cuisine, une salle de bain, la chambre de Pedro et 3 chambres d’amis qui se suivent, devant un balcon avec une vue magnifique sur la vallée de Cauca et la cordillère andine occidentale. Chaque chambre est garnie de vieux meubles défraîchis (armoire et bureau), d’un lit trop court (car les Colombiens ne sont pas grands), de tapisseries délavées, et, souvent, d’un tableau catholique ou de citations bibliques encadrées. Derrière la maison, une extension plus récente abrite le foyer de Hector et Fidelina, qui jouissent d’un peu d’intimité contrairement aux autres chambres. Enfin, à même le toit de la maison principale, se trouvent des milliers de grains de café en train de sécher, protégés par un deuxième toit en tôle, que l’on fait coulisser sur des rails en acier lorsque le soleil se montre. Le procédé est simple et intelligent, mais il nécessite la présence d’une personne pour l’ouvrir et le fermer en fonction du temps.

Le toit – séchoir de café
Notre chambre, ambiance rétro
Le long balcon de la finca
La vue, magnifique

Une serre en bambou au milieu de la jungle

Après une soirée passée avec nos hôtes et un couple espagnol qui vient de terminer quinze jours de volontariat, on se lève tôt le lundi matin pour nous mettre au travail. Un petit-déjeuner copieux, et on part avec Hector pour le futur champ qui abritera notre serre. Après discussions, c’est effectivement le projet dans lequel on s’est lancé : construire une serre en bambou, d’une surface d’environ 10x10m, sur un plan incliné de presque 30 degrés.

Petit déjeuner
Notre travail de défrichage

On arrive sur la zone, et on découvre une zone en friche, mais en friche tropicale ! Entre les moustiques, les sandflies (mouches qui piquent et grattent encore plus) et les araignées énormes qui sortent de sous les branches, on a du boulot ! Armés de nos machettes, et aidés d’Hector à la débroussailleuse, on se surprend à faire place nette en seulement 3-4h, alors que la tâche nous paraissait beaucoup plus grande. La pluie vient mettre fin à la matinée, et il nous faut maintenant cuisiner pour Hector et Pedro – or nous avions fait les courses que pour nous deux ! Ni Gloria ni Bermans ne nous ont prévenu qu’il faudrait cuisiner et nourrir ces deux gaillards pour le reste de la semaine… Finalement on se débrouillera, en faisant racheter quelques éléments leur employé qui vient tous les jours travailler dans les champs, en moto. On cuisine à l’européenne, je fais un poulet basquaise avec des spaghettis mais nos hôtes se resservent en plus avec le riz de la veille, car les pâtes ne sont pas assez nourrissantes, parait-il 😮 Dans l’après-midi, je dessine les plans de la serre tandis que la pluie et le brouillard englobent la finca…

Les plans d’une serre
Le brouillard sur la crête


Le lendemain, c’est au tour de Pedro de nous accompagner pendant qu’Hector rejoint sa femme dans une autre maison où il doit l’aider à terminer leur déménagement – elle vient définitivement habiter dans la finca. Mission bambou ce matin ! Il nous guide vers leur réserve de ce matériau flexible et résistant qui fait le bonheur des habitants en Asie ou en Amérique du Sud. On apprend à les faire tomber : une corde que l’on monte à 2-3m au-dessus du sol pour le tirer dans la bonne direction, et une découpe circulaire à la machette autour de la base. Des milliers de micros aiguilles sur l’écorce viennent un peu gâcher la fête en s’incrustant sous la peau malgré les gants et nos vêtements. Puis il faut porter ces géants de 12-15m jusqu’à la ferme. A 12h, on est rincé mais on doit encore préparer le déjeuner – Pedro ne sait pas cuisiner, il n’a jamais appris… Hector est beaucoup plus autonome mais il n’est pas là aujourd’hui.


Les quatre jours qui suivent nous amènent à couper, porter, mesurer, scier, percer les bambous devant la maison, les emmener dans le champ, creuser les trous pour les piliers, mettre les poutres obliques et horizontales, les assembler par fil de fer ou vis-écrous. C’est assez fatiguant mais plutôt varié, à chaque jour son activité. La semaine passe relativement vite, avec des après-midi calmes, d’autres où l’on continue de travailler, et toujours avec un temps instable qui passe du brouillard / pluie à un grand ciel bleu en 5 minutes…


Nous rencontrons Fidelina et la sœur de Hector, Alba, qui arrivent à la finca le jeudi matin. Un peu cliché mais encore représentatif du mode de vie paysan colombien, elles passent la matinée à préparer un festin pour le midi, tuant une poule du poulailler et préparant 7-8 plats, salades, féculents et soupe pour accompagner la viande. Et l’après-midi, elles continuent en faisant le ménage de la finca, tout en étant très curieuses de notre culture, voyage et famille. Elles nous prêtent pleins de petites attentions, elles sont adorables et ça nous fait vraiment plaisir de terminer la semaine comme ça – des fruits pour la pause de 11h, de la crème aloe vera faite maison pour les coups de soleil, une crème pour les piqûres de moustiques, et j’en passe.

Alba et Fidelina
Le repas de roi qu’elles nous ont préparé

On quitte la finca le samedi midi, un peu nostalgique après une semaine riche en émotion, en apprentissage et en immersion dans une famille paysanne colombienne. Si la communication avec Pedro était difficile, le courant est très bien passé avec Hector et sa femme et on a depuis gardé contact, ils nous ont envoyé des nouvelles de la construction accompagné de nombreux « Dieu vous garde »…

Photo de départ avec Hector et Fidelina !
Un dernier coucher de soleil pour la route 😉

Cali, verte et dansante

Direction Cali, après 2 nuits de repos dans une guesthouse à côté d’Arménia. Comme depuis le début de notre aventure colombienne, nous ne serons pas seuls dans une grande ville, en l’occurrence la 3ème du pays. En effet, nous avons loué un airbnb avec Charlotte et Simon, les copains bateaux-stoppeurs rencontrés au Cap-Vert et revus en Martinique. Notre QG se situe dans le quartier San Fernando, dans une zone résidentielle et avec quelques bars / restaurants. Que c’est chouette de les retrouver, et de visiter avec eux les quartiers de San Antonio, le Cristo Rey qui domine la ville, et même de prendre des cours de salsa ensemble. Cali est effectivement la capitale mondiale de la salsa ! Avec Manon nous prendrons 5h de cours, et on termine la semaine avec une soirée à la discothèque Topa Tolendra, le temple des danseurs. C’est magnifique de voir les couples se déhancher et voltiger, et on tente tant bien que mal de les imiter, mais pas facile !

Avec Charlotte et Simon
Le quartier de San Antonio
El Cristo Rey, qui domine la ville
Le quartier de San Fernando, très arboré
Une église du 18ème siècle (photo by Carlota)

Notre ressenti de Cali est très positif, on a trouvé la ville très paisible, arborée, bien agencée, le quartier de San Antonio dont l’architecture coloniale ressemble un peu à la Candelaria de Bogota. Les Caleños , habitants de Cali, sont aimables et n’hésitent pas à nous aider avant même qu’on ne le demande, comme cette fois où, montant la colline dominant la ville, la pluie qui se met à tomber nous contraint à nous arrêter. Une voiture s’arrête alors spontanément, et bien qu’ils soient déjà 3 à l’intérieur, ces personnes nous embarquent avec eux et nous repartons donc à 7 dans la voiture ! Autre exemple, au retour, on tente le stop et on se fait prendre par un homme qui aide des jeunes des rues à retrouver un équilibre et une éducation. Lui-même était un ancien guérillero FARC, qui a réussi à sortir de cet engrenage de violence il y a une dizaine d’année avant de se reconvertir comme pasteur protestant.


Une imprimerie qui sort encore des affiches, à l’ancienne
Coucou
Un barrio de la ville qui se prend un beau grain 😉

Popayán, ville blanche sur la route de l’Equateur

300 km plus au Sud, à 1900m dans un paysage de collines verdoyantes et arborées, se situe la ville coloniale de Popayán. Fondée en 1537 par les espagnols, elle tire sa richesse des échanges commerciaux avec l’Equateur et les grandes villes colombiennes comme Cali et Carthagène, beaucoup plus au nord. Connue et reconnue comme LA ville sainte de Colombie, il s’agit de la ville ayant le plus d’église par habitant au monde. De nombreux artistes, littéraires, politiques, peintres viennent de Popayán, et sont passés sur les bancs de l’Université de Cauca, l’une des plus anciennes du pays.

Popayán, by night

Je termine le montage de la Martinique et on se balade dans les rues de la « ville blanche ». La lumière à la tombée du jour est irréelle, les reflets sur ces murs peints à la chaux et les vielles églises nous transportent en Andalousie ! Seuls les chapeaux, les visages, les vendeurs de mangue ou d’arepas nous ramènent en Colombie.

Les environs de Popayán

Conclusion après 75 jours au pays du condor

(Ce fameux condor que l’on n’a toujours pas vu, par ailleurs).


L’heure est au bilan, après un dernier trajet de 10 longues heures jusqu’à Ipiales, dernière étape de notre séjour colombien. Je n’en dis pas trop car nous avons prévu un petit article dédié, mais ces 75 jours ont été absolument merveilleux. Pour ma part, j’attendais beaucoup de la Colombie, et je n’ai vraiment, mais vraiment pas été déçu. Nous avons pu alterner entre visites touristiques et expériences authentiques, rencontrer des locaux avec une facilité surprenante, se régaler de tous ces fruits et ces spécialités, différentes du nord au sud, tout comme des paysages, extrêmement variés.


La frontière terrestre principale avec l’Equateur est marquée par un canyon impressionnant sur lequel fut construit le pont Rumichaca, historiquement par les Incas puis par les Equatoriens et Colombiens. Il pleut fort lors de notre passage aux douanes, cela rend l’expérience un peu triste, mais nous sommes content d’avancer, et de vite découvrir la culture équatorienne, imprégnée de l’histoire indigène andine. On vous raconte tout ça très vite (avec de nouveaux guests!) 😉 

Theo

2 commentaires

  • dan

    Joli récit, plein de détails et de rencontres, vraiment sympa ce travail de construction de la serre au milieu de la jungle ! Ahah, l’ingénieur a dû se faire plaisir.. On aurait voulu voir et écouter un peu plus sur la salsa !!! Tellement heureux que la Colombie vous ai plu ! Ce pays merveilleux 😀 bises, suerte, Dan

  • chouvellon

    Heureusement que je prend le temps de lire vos articles, vous n’auriez jamais eu le temps de tout raconter à votre retour. Les expériences sont belles, les rencontres supères, et c’est bien là l’essentiel. A votre retour, j’espère bien déguster quelques recettes glanées au cours de ce magnifique périple.
    Hasta la vista
    René

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