Arrivée en Bolivie, terre de traditions
A 300m de la frontière Pérou – Bolivie, le bus nous dépose dans une rue pleine de vie. Il y a des cholitas (les femmes boliviennes ayant une forte identification à la culture indigène, souvent liées à la culture aymara), qui tiennent des stands de sodas et de gâteaux, des boutiques de change d’argent et des policiers qui contrôlent les voitures transfrontalières. On ressort le passeport, puis on se rend dans un bâtiment légèrement délabré qui fait office de bureau de douanes. « Où allez vous ensuite ? – Sur l’Isla del Sol. – À quel hôtel ? » (euhhhh…. Nous, prévoir à l’avance ??? Je sors mon téléphone et regarde discrètement les hébergements sur l’île) « On va dormir au Jardin de l’Inca, M’sieur. » et hop, le coup de chaud est passé, visa OK, on remonte notre montre d’une heure et nous voilà en Bolivie, le 10ème pays de notre tour du monde.
Encore un peu de bateau ??
Quelques minutes plus tard, nous arrivons à Copacabana. Non pas sur la plage brésilienne de Rio connue pour le surf, ses hôtels chics et son sable blanc, mais bien en Bolivie, à 4000m d’altitude, sur les berges du lac Titicaca. Ce lac mythique, presque une mer intérieure tant ses dimensions sont dantesques, est le plus haut lac navigable au monde et le plus grand du continent américain.
Pas le temps de nous attarder en ville, on retire juste un peu d’argent et on fonce sur la plage pour attraper le dernier bateau qui part pour l’île du soleil. C’est limite, on a tout juste le temps de payer (30 bs) et de monter sur le pont qu’ils larguent déjà les amarres. On retrouve quelques sensations de haute mer, mais c’est moins fun avec un moteur ! À côté de moi, un couple de costaricains voyagent avec leur petite fille, et on passe une heure à discuter du monde et de voyage. Ils sont adorables !
Isla del Sol, berceau des Incas
L’Isla del Sol est connue pour être le lieu de création et le point de départ pour l’expansion de l’Empire Inca. C’est ici, sur les berges du lac Titicaca, que l’Inca a décidé de marcher sur Cuzco avant d’en faire sa capitale. Lorsqu’on débarque à 15h sur un petit embarcadère vieillissant, ballotté par les flots et brûlé par le soleil, on trouve un village fantôme. Heure de la sieste ou simplement déserte, on ne sait pas. On toque en vain à cinq ou six hostels qui longent l’allée principale, sans réussir à troubler le sommeil des poules et des chiens qui dorment à côté. Finalement, en montant de plus en plus haut, on passe du versant est au versant ouest, et on dégotte une chambre rustique avec salle de bain commune, et négocie pour avoir le petit-dej en plus pour le même prix, puisque l’on compte rester 3 jours.
Comme nous sommes sur une île, tout est assez cher. On s’achète une bouteille de vin bolivien et on se met en route pour l’un des promontoires. Le soleil se couche et les lumières sont magnifiques – tout est beau, les sommets enneigés de la cordillère royale, illuminés derrière nous, les autres versants du lac, nappés d’or et de rubis, et enfin, devant nous, les collines de l’île où quelques eucalyptus profitent de leurs dernières rayons de soleil. Tout est exceptionnel, même ce silence, en l’absence de voitures ou engins motorisés. Tout, sauf…. le vin !! Presque imbuvable, du vinaigre ! On est un peu dégoûtés, on aurait dû se contenter d’une bière, une valeur sure 😉
Balade et bivouac en terre sacrée
On se balade sur l’île le lendemain. Une longue randonnée de presque 19 km, qui nous emmène à travers des sentiers vieux de quelques siècles. L’Isla del Sol porte bien son nom ! Le soleil cogne et un chapeau est nécessaire à cette altitude. On visite le site inca du nord de l’île, un temple avec de nombreux couloirs formant un véritable labyrinthe.
Après deux jours de repos (bien mérité !!), on part de notre hostel pour une petite aventure, une nuit en bivouac ! Cette fois-ci, pas de duvet de location, espérons que les températures ne descendront pas trop basses. On a trouvé un joli spot, en haut d’une petite colline, d’où l’on admire une nouvelle fois le coucher de soleil. Derrière nous, l’île de la Lune vire du jaune au rose – elle abritait il y a 600 ans un second temple, où étaient envoyées de jeunes filles vierges, qui apprenaient les rites et coutumes propres à la religion inca. J’ai malheureusement perdu les photos de l’appareil, et je n’ai rien pris avec le téléphone, pas grand chose à montrer de ce soir-là, donc…
Découverte de La Paz
La nuit s’est passée sans encombre, les températures sont restées clémentes, autour de 0. On plie la tente à l’aurore, et après un dernier petit-dejeuner, on prend le bateau de 10h30 qui nous ramène à Copacabana. Manon commence à sentir des crampes au ventre, et le trajet en bus qui nous emmène à La Paz est un peu long… Les locaux continuent de nous impressionner par leur insensibilité au bruit dans les bus… Le paysage défile, un plateau à 4000m où paissent des lamas et alpagas, au milieu des maisons éparpillées sur l’altiplano.
En arrivant vers la capitale, le nombre de maisons augmente, les graffitis sur les murs se densifient, et l’on se retrouve soudainement à El Alto, la ville-haute de La Paz. Au détour d’un virage, le panorama s’ouvre et on aperçoit la cuvette naturelle qui abrite la capitale, dominée au loin par l’Illimani, un sommet sacré de 6424m, qui veille sur les habitants, les Paceños. Les lignes de téléphériques sont visibles d’un peu partout, du fait de leurs pylônes de plus de 70m de haut par endroits.
Transports urbains et marché fou
On arrive à notre hostel en centre-ville. Peu après, c’est mon état qui se dégrade, et je passerai la nuit à faire des allers-retours aux toilettes, en proie à une puissante turista (encore !). Le lendemain, journée repos, on attend que ça passe. Finalement, le jeudi, on se sent bien tous les deux et on part visiter la ville. En téléphérique bien sûr ! Le réseau date de 2014, a été construit par une entreprise suisse, et est devenu en 2019 le plus grand réseau urbain au monde après une dernière extension.
Le marché de El Alto est gigantesque. Il s’étire sur plusieurs kilomètres, en véritable fourmilière. On passe du stand de pièces mécaniques à une immense friperie, puis aux cholitas qui nous font un jus d’oranges pressées pour 0,22€ ! La route nous entraine devant des stands où sont accrochés des fœtus de lamas… Cela porte-bonheur de les enterrer dans son terrain ou sous sa maison, et on en fait un véritable business ! Dans ce petit « marché des sorcières », des gens viennent également faire des offrandes à la Pachamama, selon leurs besoins – achat d’une maison, nouveau travail, naissance, mariage…etc
Escale gastronomique
Le centre-ville est très vivant, et un resto se démarque un peu des almuerzos classiques. Il s’agit du Bolivian Popular Cocina, qui reprend des spécialités traditionnelles locales et en fait des plats semi-gastros. C’était incroyable ! Les couleurs et la présentation sont exceptionnels, pour seulement 10€/pers !
Nous y sommes allés avec Juliette, une française rencontrée sur les « Français en Bolivie », avec qui Manon va partir faire un trek, celui d’El Choro, pendant que je vais faire l’ascension du Huayna Potosi, à 6088m ! On vous raconte tout ça prochainement 😉