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Trek de l’Ausangate en autonomie – Pérou

5 jours et 4 nuits (avec Rainbow Mountain)

Infos pratiques
  • Distance : 70,7 km
  • Point de départ : Tinke
  • Point d’arrivée : Pacchanta
  • Dénivelé positif : 3300m
  • Point le plus bas : 3800m
  • Point le plus haut : 5200m
  • 6 cols > 4900m
Jour 1 :
– 12,5 km
– 600m D+
– Nuit Upis Camp
Jour 4 :
– 11 km (col à 5200m)
– 650m D+ et 600 D-
– Nuit au camp avant le dernier col
Jour 2 :
-14 km
– 750m D+ et 500m D-
– Nuit dans des petites huttes avant les lodges
Jour 5 :
– 16 km (col à 5100m)
– 600m D+ et 700m D-
– Arrivée à Pacchanta
Jour 3 :
– 15 km
– 800m D+ et 800m D- (dont la rainbow mountain sans les gros sacs)
– Nuit au Lac Ausangate
Trajets en bus :
Aller : Départ bus de 5h du matin depuis Cusco – arrivée 10h à Tinke
Retour : Depuis Pacchanta, demander un taxi pour rejoindre Tinke, d’ici il y a des bus qui repartent pour Cusco.


Pour les repas (pour 2 personnes)  :

  • Pain acheté à la boulangerie Migas del Valle à Urubamba (ou Pisaq), excellent !
  • 5 midis : 3 repas jambon / pain / tomates + 2 repas thon / pain / carottes 
  • 4 soirs : pâtes (4x250g) + sauce (une à la tomate et une au pesto basilic)
  • Petits-déjeuner : yaourt + granola + banane, et avocats
  • Eau : aucun problème pour remplir les gourdes filtrantes sur la route 

Vous trouverez le fichier gpx via ce lien google drive : par ici le GPX !

Récit

Il est 8h lorsqu’on nous nous mettons en route. Sous nos pieds l’herbe gelée craque, et à l’horizon les prairies sont blanches de givre. À proximité, quelques chevaux se partagent de maigres brins d’herbes avec des alpagas encore à moitié endormis. Le souffle court (à 4500m!) et le sac encore lourd en ce deuxième jour de trek, le redémarrage est un peu dur ! Comme le resto et le lit douillet de la nuit dernière me paraissent déjà loin !

Préparation, encore les fesses au chaud

Il y a 36h, nous mangions avec Charlotte et Simon (les copains voyageurs) une pita-falafel dans un restaurant à Cuzco. Le service est assuré par un enfant de 10 ans qui, comme souvent au Pérou, aide ses parents sûrement un peu malgré lui. Dans un coin derrière nous, le feu crépite a l’intérieur d’un vieux four en terre cuite. Un chien rentre discrètement par la porte entrouverte, et vient s’installer à nos pieds pour nous écouter peaufiner notre itinéraire : 5 jours et 4 nuits de trek, en autonomie complète : pas de guide, pas de ravitaillement de nourriture. 70 km avec 3300 m de dénivelé positif, à première vue rien de compliqué, mais c’était sans compter…. L’altitude ! 🏔 Départ à 3800m, on devrait atteindre un maximum de 5200m !

Départ de Cuzco
Dans le bus en direction de Tinke

Départ du trek, à Tinke

Lorsque nous arrivons à Tinke après 4h de bus, il y a foule sur la place principale. Le marché bat son plein, des femmes en habits traditionnels proposent toutes sortes de nourriture et les hommes font les rabatteurs pour les taxis. Mais ce n’est pas prévu pour nous, l’objectif étant d’aller à Upis (1er bivouac) à pied. On se met donc en route, bientôt surpris par l’odeur nauséabonde autour de nous. Nos regards se posent alors sur des pelotes de laines agglutinées au bord de la route, et derrière, des carcasses sanguinolentes de moutons et d’alpagas écorchés… Encore plus loin, des femmes en train de laver les couteaux dans la rivière. La rude vie de campagne, un dur tableau que l’on ne voit plus aujourd’hui chez nous, et dont on ne se doute pas en commandant son steak au restaurant. 

Départ du trek, sur la place du marché !
Alpagas sur le chemin

A mesure que nous prenons un peu de hauteur, l’Ausangate se révèle à nous. Imposant avec ses 6384m de glaciers blancs immaculés et de roche noire. Nous allons passer au pied du massif dans les jours à venir, avant d’en faire le tour ! 

Les massif de l’Ausangate, imposant !

Cette première journée est longue et peu accommodante, car nous marchons un long moment sur une piste poussiéreuse, respirant par ailleurs les fumées d’échappement des nombreuses motos qui nous frôlent sans ralentir. Deux anecdotes nous divertissent cependant. 

Quelques anecdotes du 1er jour

La première est assez coquace. J’étais en train de photographier l’Ausangate et mes 3 compères, quand ceux-ci se mettent soudain à me faire de grands gestes ! « Attention, attention !!! Derrière toi ! » Je me retourne vivement et voit à une dizaine de mètres seulement un cheval arriver au galop, un gamin de 6-7 ans sur sa croupe, les deux jambes du même côté et avec le ventre sur la selle. « Whoah », je me dis. « Trop fort le garçon, il nous fait un vrai show là ! ». Mais ayant loupé le début de l’action, je n’avais pas réalisé que le cheval s’était emballé et avait complètement désarçonné le gosse ! Manon pose son sac en urgence et court vers nous, lève grand les bras, pousse un grand « Hooooo » et le cheval s’arrête ! On ramène le garçon sur sa selle, tandis que le grand frère (??) arrive en courant et nous marmonne quelques mots de remerciement (???) en quechua. D’autres villageois déboulent, hilares ! Apparemment ce n’est pas une première… Pour eux !!

Juste après notre petite aventure !
Enfants quechuas

A peine remis de nos émotions, 10 min plus tard, une jeune femme en habit traditionnel nous saute dessus en brandissant un carnet : « Il faut payer pour passer !! C’est le parc Ausangate ici ! ». Le prix est de seulement 10 soles / personne (2,3€), mais nous connaissons la chanson – des « péages » officieux par des habitants voyant une manière facile de gagner un peu d’argent ont lieu un peu partout sur les treks touristiques. Et nous voyons bien qu’il y a marqué sur le billet « Ticket de camping – Entrée du parc non incluse ». Or nous ne campons pas là ce jour-là, donc nous refusons et nous continuons d’avancer, malgré ses protestations. 

Pour vous donner une idée, nous aurons sur les 5 jours de trek, une petite dizaine de personnes nous réclamant de l’argent simplement pour « passer » sur le chemin. Nous ne payerons que les nuits de « camping », uniquement lorsque une cabane ou un abri a été aménagé par la communauté. 

Nous nous retrouvons donc à Upis le premier soir, dans un campement relativement grand avec de nombreux groupes. On fait un tour aux sources thermales, afin de dégourdir un peu les muscles. Mais la température tombe très vite, alors on commence à empiler les couches thermiques. Le repas de pâtes à la sauce tomate (avec un peu de parmesan !) se fait en tremblant, expédié ! On se glisse dans les duvets loués pour le trek et à 20h, on éteint les lumières.

Dans les bains thermaux d’Upis
Repas chaud dans un froid glacial

2ème jour

Le lendemain matin, nous attaquons directement par un col à 4800m ! Sur le sentier, nous apercevons des lapins étonnants, à la longue queue enroulée – des viscachas. Ils avancent en bondissant comme de petits kangourous ! Nous en verrons fréquemment pendant les jours qui suivent ! A 9h il commence à faire bon, et on enchaine les kilomètres. Comme hier, Charlotte et Simon mènent la marche d’un pas rapide. On passe au pied du massif, dont la face sud se révèle incroyable. Un glacier gigantesque, d’une blancheur surprenante, et deux lacs d’un bleu magnifique autour desquels paissent des troupeaux de moutons et d’alpagas.

Au premier col de la journée, roches et sables se mélangent
Troupeau de moutons et d’alpagas

On pique-nique dans une combe d’herbe jaunie par l’altitude et le froid, avant d’entamer un deuxième col, à 4985m ! On rencontre Kirstin, une canadienne charmante qui voyage seule pendant 2 mois, et avec qui on passera 3 jours de ce trek ! Le mauvais temps arrive, on entend l’orage gronder. Pour le bivouac du soir, on trouve deux abris de paille et de bois qui tombent à pic ! Charlotte, Simon et Kirstin dormiront sur une bâche / matelas et dans leurs sacs de couchage, tandis que nous monterons la tente. On fait une mission remplissage d’eau un peu plus haut car il n’y en a pas à proximité, et le soir, on trouve même un peu de bois pour se faire du feu ! 

Vue du col
L’équipe au sommet
Kirstin, rencontre de trek
Dans nos petites huttes salvatrices
Toujours avec nos copains alpagas

3ème jour, Rainbow (touristique) mountain

Troisième jour, réveil à 4600m. C&S ont encore mal dormis, leurs duvets semblent moins efficaces que les nôtres… On fait un brin de toilette à côté d’une lodge et on trouve un endroit pour planquer les sacs à dos. En effet, la journée est un aller-retour pour atteindre la rainbow mountain, également appelée « montagne aux 7 couleurs ». Les jambes commencent à s’habituer et nous sommes assez rapides et en forme. Manon qui avait une douleur à la hanche depuis 3 jours commence à se sentir mieux. Nous arrivons là-bas vers 11h, et c’est une vision d’horreur qui nous accueille. En haut de la montagne, une file immense de touristes qui arrivent de l’autre côté en minivans, attendent pour faire une photo. Honnêtement, on est vraiment déçus. Les couleurs ne sont pas si incroyables que ça, on nous demande de payer pour nous approcher plus près, payer une autre fois pour prendre « la » photo, et tout ce monde nous rebute un peu. Alors on dit au-revoir à Charlotte et Simon qui rentrent sur Cuzco, n’ayant pas envie de repasser 2 nuits glaciales, et on rebrousse chemin avec Kirstin. 

Sur la route…
La Rainbow Mountain et ses touristes

Alpagas et tempêtes

On trace jusqu’à nos sacs, que l’on retrouve à la même place 🙂. La suite du sentier jusqu’au bivouac du soir est relativement plane, à flanc de montagne. Le temps se gâte, on subi, en seulement 30 min, de la grêle, de la neige et de la pluie ! Mais ça ne dure pas et la lumière qui filtre ensuite à travers les nuages est irréelle. Elle éclaire un paysage composé de teintes multicolores : le jaune de l’herbe, le rouge des montagnes et du sable, le vert de quelques plantes, le bleu du ciel et des lacs, et enfin le blanc du glacier. A chaque pause, notre esprit vagabonde et nos pensées s’envolent. Seuls les alpagas qui nous regardent passer avec leurs grands yeux, en levant haut leurs oreilles, nous ramènent sur Terre !

Palettes de couleurs
En arrivant sur la lagune Ausangate

Nous posons notre tente dans un endroit superbe, une grande plaine derrière le lac Ausangate. Ce n’est pas hyper rassurant, car nous sommes vraiment sous le glacier. Hier, nous avons vu un morceau de ce géant s’effondrer dans un grondement assourdissant, générant un nuage gigantesque de neige et de vapeur. Ce soir, j’entends les séracs craquer, les crevasses se modifiant alors que le froid tombe et que la nuit approche. Je profite d’être seul pour aller me faire une petite toilette dans le lac. Je m’immerge nu pendant quelques secondes, juste le temps de me savonner et de me rincer. En seulement une petite minute, je sens mes jambes devenir insensibles ! Je sors vite et retourne au campement, revigoré ! Au moment où l’on se glisse dans la tente, une tempête de neige éclate et nous devons hurler pour communiquer avec Kirstin, qui est à seulement 10m de nous. Ce soir-là, il fera -10 dans la tente, mais nos duvets nous protègent encore une fois !

Bivouac du soir

J4, réveil frisquet, on vise des sommets

Au matin du 4ème jour, on se réveille à l’aurore et on prépare tant bien que mal le petit-déjeuner. Le yaourt est glacé et l’eau pour le thé met beaucoup de temps à chauffer. On plie les affaires et on se met en route pour le plus haut col de notre trek. Le soleil danse avec nous, nous réchauffant très légèrement lorsque nous passons quelques points haut, puis disparaît alors le chemin nous réoriente au fond d’une combe. Finalement, nous atteignons les 5200m, en poussant de grands cris de joie ! Nous sommes seuls, face au glacier et à cette nouvelle vallée qui s’offre à nous. Plusieurs dizaines de cairns au sommet témoignent du passage d’autres randonneurs et de cette petite touche de tradition propre aux montagnes. 

Euphorie en arrivant au col
Redescente sur l’autre versant
5200 !

Les grands espaces

En fin d’après-midi, nous atteignons une nouvelle vallée. Immense, on imagine sans peine un ancien glacier l’ayant façonnée pendant des milliers d’années avant de disparaître, laissant place aux hommes et aux troupeaux d’alpagas. On remonte la rivière, au milieu des bêtes, profitant de cette vue magnifique. Avec cette montagne au fond, on se croirait en Nouvelle-Zélande ! Pour une fois, on plante la tente suffisamment tôt pour profiter du soleil. On discute longuement avec Kirstin, on lit et on lézarde, avant que le froid glacial ne s’installe dés 17h. On rentre alors dans la tente, pour lire encore un peu, ouvrir de temps en temps la fermeture-éclair et apercevoir les têtes pouponnes de curieux alpagas ! 🦙

Endroit incroyable !
Les bêtes passent devant la tente

5ème et dernier jour, ça caille !!

-15 cette nuit !! Impossible de dormir après 2h30… Le froid et un mal de ventre m’empêche de me rendormir. Je lis jusqu’à 4h, heure officielle de notre réveil ! On plie les affaires dans la tente, puis on sort et il faut aller vite ! Malgré nos gants, on sent le froid qui s’infiltre et chaque mouvement est une souffrance. Enfin nous partons !  Après quelques minutes déjà le bout des pieds se réchauffe, mais les mains restent gelées. La nuit étoilée est magnifique, mais nous déchantons très vite lorsque des chiens nous tombent dessus en aboyant férocement !

Et soudainement, l’éboulis que nous étions en train de traverser se met en branle. Les énormes rochers blancs jusqu’alors immobiles s’ébrouent, se lèvent et s’étirent ! Nous passions en plein milieu d’un troupeau d’alpagas endormis. Couchés, la tête rentrée dans leurs cous, nous n’y avions pas prêté attention. Mais les chiens veillaient, alors on s’échappe rapidement, en gardant le bâton bien visible. Le soleil se fait désirer, et ne finira par nous envelopper de sa chaleur qu’à notre arrivée au col à 7h, à 5100m ! Alors seulement on s’installe pour déjeuner, manger notre dernier quignon avec du… camembert !! La perle rare ! Trouvée in extremis à Cuzco avant le départ, on l’a gardée précieusement pour ce dernier jour… Et quel bonheur 😁

Il fait encore bien froid, avant que le soleil se lève…
Camembert savoureux, homme heureux !

Un retour douloureux…

La fin du trek approche à grand pas… Il nous reste encore une douzaines de kilomètres avant l’arrivée, nous ne sommes plus que tous les deux, alors on avance vite. Peu de paroles, chacun est dans sa bulle. Ni Manon ni moi ne souhaitons un retour à la civilisation. On est si bien, déconnectés, là-haut, seuls, en vivant au rythme du soleil et des éléments. Très vite, notre bulle est percée lorsque l’on voit des hordes de touristes apparaître.

Les cars venus jusqu’au village dégueulent des groupes d’européens, d’américains et d’israéliens venus admirer les jolis lacs azurés. Musique à fond, cris et rires indiscrets. Ces bruits nous sonnent aux oreilles. On presse encore un peu le pas afin d’arriver à Pacchanta. Dans ce village fantôme bizarre, on négocie pour un taxi qui nous ramène à Tinke. Un long bus nous ramène ensuite à Cuzco où nous dégustons quelques heures plus tard, comme la tradition l’exige, une bonne pizza avec Charlotte et Simon ! 😉

Celle-ci marque la fin de ce trek, qui fut absolument splendide. Un voyage dans le voyage, une expérience incroyable hors du temps. Nous avons plutôt bien réagis face à l’altitude – pas de maux de têtes, un peu mal au ventre la dernière nuit mais plutôt lié à l’eau ou l’alimentation, je pense. Imitant les locaux, nous avons régulièrement mâché des feuilles de coca, qui atténuent tous les symptômes liés à l’altitude. Et le matin, on se faisait des infusions de muña, une plante médicinale que nous avions ramassée dans la vallée sacrée lors d’une autre balade ! Merci la nature, et à bientôt pour de nouvelles aventures 😘

Fin du trek, un peu de repos et on remet ça !

Theo

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