Blog

Notre escapade en van aux Canaries – 9 jours de liberté

Mardi 23 novembre 2021, 22h35. Cap au sud-ouest, 227°. L’eau glisse sous la carène du bateau, les voiles s’arrondissent sous le vent, des boutes claquent dans la nuit. Je suis seul sur le pont, tout le monde est couché depuis 30 min, je fais le premier quart de nuit. La brise est un peu fraiche, on ne ressent pas la chaude présence du Sahara à seulement 40 milles sur ma gauche. Peu de cargos ce soir, j’en profite pour vous faire le récit de notre escapade en van aux Canaries.


(Si vous souhaitez aller directement à la liste des spots, c’est par ici)


Gran Canaria, deuxième île de l’archipel en superficie, première en population, est très variée dans tous les sens du terme. Le nord, le sud et l’est sont bétonnés avec de grandes villes, des serres et un tourisme balnéaire surdéveloppé, alors que l’ouest et le centre sont beaucoup plus isolés et montagneux. La moitié nord est verte, car les montagnes du centre arrêtent les nuages chargés d’eau, soufflés par les alizés du nord-est. Le sud est, à l’inverse, sec et désertique.

Le nord…
… et le sud !


Lanzarote

Début novembre, nous arrivions en voilier à La Graciosa, une petite île au nord de l’archipel. Après 3 jours sur l’îlot, nous prenons le ferry direction Lanzarote. 5 jours dans une ville entourée d’un désert, pour se retrouver juste tous les deux avec Manon après 8 jours sur le bateau. L’île est volcanique (comme presque tout l’archipel d’ailleurs), et la terre noire et rouge lui donne un aspect lunaire, très science-fiction. On loue des vélos et on se fait une grosse sortie de 50 km (avec du vent plein la tronche tout le long) pour visiter les villages et ces drôles de structures arrondies. Ces murs de pierre en demi-cercle protègent du vent quelques arbres fruitiers, des orangers et des citronniers. Des trous coniques pullulent sur tout l’horizon, bordant la route et les pentes des petits volcans. En s’approchant on découvre des pieds de vignes enterrés, en bas, à l’abri du vent, qui attendent leur taille d’hiver. Ces entonnoirs ressemblent aux pièges des fourmilions, qui guettent leur proie enterrés dans le sable. On termine notre escapade en goûtant ces vins, de bons blancs secs et demi-secs, mais le rouge est un peu fade et manque de corps.



Gran Canaria

Suite à cette virée, on change d’île, en ferry de nouveau, direction Gran Canaria. Le van était déjà réservé depuis 3 semaines, petit craquage et rêve qui nous suit depuis un moment. Bon ce n’est pas le camping-car de luxe, mais un Mercedes Citran réaménagé avec tout ce qui peut nous faire plaisir : un volant, des roues et un matelas ! 😀

Manon qui prend la pause 😉

On l’a loué via Yescapa (merci Manue et Robin pour le tips !), un site de loc entre particulier, à un couple de surfeurs espagnols, vraiment très cool. Le van récupéré, on met les sacs en vracs à l’arrière et on part faire des courses, également entassées derrière ! Autant le dire tout de suite, le van n’est pas grand et globalement, notre première soirée et journée sont occupées à ranger en mode Tétris tout ce qui traine.

Le Nord


Le 1er spot face à la mer déchainée est superbe, mais le vent souffle fort et c’est un peu compliqué de faire la cuisine. Le bruit sourd des vagues qui viennent s’écraser sur les rochers nous berce cette nuit-là. Au réveil, on tire les rideaux à nos pieds – le ciel est gris mais l’écume projetée comme un feu d’artifice à plus de 7-8 m de hauteur nous fascine.

Vladimir The Deer qui regarde l’océan…

50 jours de voyage, et les montagnes nous manquent 🙂 On prend la route vers l’intérieur des terres. Conduire, après avoir passé 2 mois à se faire conduire ! C’est vraiment plaisant, surtout que les routes intérieures sont étroites et sinueuses : je me croirais à la maison, en France ! On décide d’appeler le van Juanito, en l’honneur de notre belle rencontre avec l’un de nos conducteurs espagnol ! A force de lui parler ou de parler de lui on s’est dit qu’il fallait qu’on lui donne un petit nom 🙂



Premier jour frisquet et nuageux. Pique-nique dans le brouillard, et deuxième nuit le long d’une petite route, pas dérangé par le monde ! Le vent souffle encore fort, il faut penser à tourner le van du bon côté afin de pouvoir cuisiner la porte du coffre entrouverte. Apéro, cuisine, Netflix, on se croirait chez nous. On a pris soin de vider nos sacs sous le « lit » du van, afin de ne pas avoir à faire / défaire / enlever / remettre les sacs entre les sièges avant (qu’il faut avancer pour sortir le lit), et le lit. Tout un art !



Les jours suivants se ressemblent dans l’organisation, seul le lieu de « bivouac » varie, si on peut appeler ça comme ça. On déjeune souvent dans le van car l’air est frais au réveil, entre 5 et 10°C. En effet, nous restons à presque 1400m d’altitude pendant 3 jours. Randonnées dans les pins et les canyons le matin, puis on cherche un spot pour manger, avec vue si possible ! Café, sieste, aprem bouquin, retouches photos ou écriture d’article, bien souvent au soleil 🙂 Le soir on part en expédition coucher de soleil – on arpente les routes à la recherche de la plus belle vue, dans un nouveau coin tous les soirs. Il y a des miradouros un peu partout, certains bondés et d’autres désertés – alors on s’installe sur ceux-là, et on s’ouvre une petite bière 🙂



Le Sud

Après 4 jours coupés du monde à profiter des montagnes, on se dirige vers le sud de l’île, où notre copain de Bruxelles, Christophe, vient passer quelques jours de vacances avec des amies. On se donne rendez-vous le soir, mais on compte profiter de la plage la journée. Tu parles d’une idée !! On ère sur cette côte pendant au moins 4h, à repérer un coin, galérer à trouver une place de parking, voir qu’en fait c’est ultra moche, puis un autre en travaux, ou pleins de déchets, ou simplement inaccessibles car la route a été fermée pour l’hiver. On retourne illico presto passer l’aprem en montagne ! Le soir, on repart vers cette mer de béton et de piscines, de golfs et de casinos, un peu à contrecœur, mais pour finalement passer une super soirée ! Visite trop courte et mal aux cheveux au réveil, mais on reprend quand même la route le lendemain, cap plein ouest !



On quitte cette côte dont certaines des constructions ont très mal vieillies, pour rejoindre la plage de la Aldea, à côté du village d’El Charco, très mignon et typique. Autrefois ce village de pêcheur n’était pas relié à la capitale par la route, et ce sont les navires qui ravitaillaient toute cette zone en passant par ce port.



Notre périple se termine par la plus belle route que l’on ait pu emprunter sur l’île. La GC-210, en partant de la Aldea de San Nicolas jusqu’à Ventanieves, n’est que splendeur. Avec un ciel en feu pour nous accompagner, une route sinueuse, étroite et en bord de précipice, les émotions s’enchaînent. On écoute une musique planante, on roule doucement pour profiter de chaque instant. Des maisons troglodytes au milieu des falaises surplombent des lacs de barrages, apparaissant au détour d’un virage. Des oasis colorées profitent d’une source pour croître et fleurir dans des canyons perpendiculaires à la route. Tout est grandiose.



On repasse 2 jours en montagne, une dernière fois avant le Cap-Vert ! Car c’est notre prochaine destination 🙂  Après quelques semaines de réflexions, pour pouvoir caler tous les agendas et être sûr que le copain de Franck puisse nous rejoindre là-bas, la décision est prise. Après avoir rendu le van, on passe 3 jours à Las Palmas, en attendant que notre skipper nous rejoigne de Lanzarote avec le voilier. On trouve une bateau-stoppeuse, sur les pontons du quai, qui comme nous cherche une transatlantique et que l’on a déjà croisé avec Manon deux jours plus tôt. On a une cabine de libre pour faire Canaries – Cap-Vert, et elle a l’air cool alors on lui demande : « Salut, on a vu que tu cherchais un embarquement ? Nous ce n’est pas pour une transat’, mais pour rejoindre le Cap-Vert, où tu pourras continuer tes recherches si ça te dis. On revient au port tout à l’heure pour faire les papiers du départ, tu as 2h pour réfléchir. »  Et Jade était là, 2h plus tard, sourire aux lèvres et prête à embarquer. On n’a jamais regretté, la navigation était géniale !



Theo


Nos plus beaux spots de bivouac en van à Gran Canaria


Conseils :

  • Etre prévoyant par rapport à l’eau car aucune source potable sur l’île (à notre connaissance). Nous avions acheté un bidon de 8L en magasin et grâce à la gentillesse d’une dame dans un village nous avons pu le remplir une fois. Pour 9 jours de van il nous aura fallu 3 x 8 L.
  • Il existe des aires de camping aménagées (sanitaires et points d’eau non potable) et protégés. Pour y poser la tente il faut demander une autorisation, et pour le van la seule possibilité était sur le parking devant (cela dépend peut-être de la saison).

Liste des spots :

  • Spot 1 (28.152723, -15.531105) : Bord de mer, El Puertillo

En venant de Puertillo, juste avant que la route ne s’arrête, un petit parking donne sur la mer. On ferme les yeux sur le panneau « Interdit de garer son camping-car ou van ». De toute façon, le spot est connu, plusieurs voitures et van étaient garées pour passer la nuit ou juste la soirée (nous étions samedi soir).

  • Spot 2 (28.031978, -15.676957) : Forêt de pins

Le spot est une petite aire le long de la route GC-216, peu passante, possibilité de reculer le van par rapport à la route. Cet endroit offre tranquillité et intimité. La vue est limitée à cause des arbres mais offre une belle lumière à la tombée et au lever du jour.

  • Spot 3 (28.016018, -15.603180) : Mirador Pico de la Gorra

Incroyable vue sur la vallée ouest, le coucher de soleil est grandiose. Le petit « parking » n’offre aucun abri pour les petits besoins, heureusement aucun van n’a dormi à coté de nous ! Le mirador se trouve dans un couloir de vent et sur une dalle en béton sans arbre. C’est clairement pour la vue et le coucher de soleil que cela vaut le coup !

  • Spot 4 (27.856360, -15.603660) : Pilancones Natural, Barrage de la Angostura

La vue sur la vallée et le lac est vraiment sympa. On se trouve au bord d’une route très poussiéreuse, mais peu fréquentée. En étant discret, une petite douche/baignade au lac est faisable de nuit, mais cela reste interdit.

  • Spot 5 (28.055496, -15.689506) : Parc naturel de Tamabada, proche de l’aire de camping

A proximité de l’aire de camping, attention beaucoup de monde le week-end. Cette zone est bien isolée dans une forêt de pins, mais sans vue directe ni coucher de soleil. En revanche de belles randonnées à proximité, avec quelques panoramas sur la côte ouest et le volcan de Ténérife au loin.

  • Spot 6 (28.031978, -15.676957) : Sentier isolé, proche de l’unique maison de Mojones

L’accès en van n’est pas évident car le sentier est en mauvais état. Mais en descendant un peu, on se retrouve dans une belle petite vallée bordée de pins (ce qu’on appelle entre nous les « pins-plumeaux », qui repoussent doucement après l’incendie de 2019). Le sentier continue pour les marcheurs, très chouette au coucher du soleil.



11 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *