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Andalousie – Portugal : après 1 mois de voyage, l’Atlantique nous attend

Départ de Tarifa en stop

Alors que l’on se remet à peine de l’annonce de Franck, le capitaine de notre futur bateau, il faut repartir. Nous sommes le 14 octobre et nous avons rendez-vous le 25 au Portugal, à côté de Lisbonne. Avec un but concret en tête, la reprise du stop est assez excitante. Un peu galère au début, puis on enchaine. Une surfeuse avec ses 8 chiens qui mettent du sable partout, puis Tobby, jeune allemand qui nous emmène avec « George », son van. C’est un sportif de très haut niveau, perchiste qui a participé aux JO de Rio en 2016 avec le français Renaud Lavillenie qu’il connait bien ! Puis c’est Antonio, gérant d’un hôtel à Tarifa, qui nous emmène jusqu’à la sortie de Chiclana, pas loin de Cadix. Mais il est déjà 17h, on crame sous le soleil, et les routes qui s’offrent à nous ne sont que des bretelles d’entrées de voies rapides. Le spot n’est pas concluant, et après 30 min d’un flux continu de voitures, on rebrousse chemin pour revenir au rond-point précédent. C’est ce moment que choisissent les motos de la Guardia Civil, la gendarmerie espagnole, pour nous demander (fermement mais calmement) de quitter cet endroit, de ne pas faire de stop en Espagne et d’aller prendre le bus. Une petite décharge d’adrénaline plus tard, on fait le dos rond et on change de plan. Après 1h de marche, on quitte la zone urbaine et c’est donc sous les pins, exténués, que l’on s’installe finalement pour la nuit.


Reprise de la route au lever du soleil


Les temps d’attentes sont plus longs sur la côte que dans les terres, malgré un plus grand nombre de voitures. Nos théories vont bon train : est-ce que les gens sont plus riches, et donc moins sympas ? Est-ce qu’ils ont peur que nous soyons pleins de sables, de sel, des migrants, ou encore des trafiquants de drogue ? Plus vraisemblablement, il est surtout plus délicat de s’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence lorsque plusieurs voitures se suivent.

Galères de stop et bivouacs compliqués


Le lendemain, nouvelle journée compliquée et matinée peu intéressante. J’apprends tout de même que depuis que Messi a été transféré au PSG, les espagnols (hors Catalogne) se désintéressent du FC Barcelone et reportent leur attention sur Paris ! L’idole, c’est Messi, un argentin en France… On en perd notre latin ! 🙂


La ville de Séville se retrouve sur notre route, passage obligé pour remonter au Portugal. La Perle de l’Andalousie nous attire mais reste inabordable pour nous (weekend de la fête nationale espagnole), et on décide donc de faire un saut de puce en Blablacar. Au bord d’un rond-point glauque et malodorant, on passe 1h à attendre notre chauffeur en songeant au bateau. On se questionne, on rêve, on se teste – « Quelle température il va faire pendant les quarts ? Et si jamais je m’endors ? Est-ce que l’on mangera parfois ensemble ? Est-ce qu’on verra des dauphins ou des baleines ? Ca fait quoi de se baigner sachant qu’il y a 5 km de fond en-dessous ? Si on a un cap EW, que le vent est NE avec une vitesse de 20 nœuds, comment faut-il régler la grand-voile, et le génois ? »


Arrivée donc 3h plus tard à Huelva, où nous dépose Carlos, notre covoitureur. Il s’en va faire la fête pour la naissance et le baptême du fils de son meilleur pote – tout heureux jusqu’à ce que : « Mierda !! J’ai oublié chez moi le jambon que je devais amener… le meilleur jambon du monde ! ». Problème typiquement espagnol.


Reprise du stop et 3 voitures plus tard, une proposition de prendre une bière chez un des gars, on se retrouve à seulement 45 km du seul camping du coin, notre objectif depuis ce matin. Il est 18h et aucune voiture ne prend notre direction… On décide finalement (la prise de décision est difficile aussi près du but) de bivouaquer à nouveau. Il y a une mini réserve d’eau avec des pêcheurs à côté, mais en passant quelques fils barbelés, on réussit à poser la tente, sur des cailloux certes, mais sur un sol relativement plat. Après la baignade/douche dans le lac bien poisseux, on vérifie la réserve d’eau et de nourriture. Il ne nous reste qu’un peu de riz, que l’on fera cuire avec seulement un fond d’eau, et le petit déjeuner sera frugal ! La nuit est bruyante, avec des dizaines de chiens qui jouent la fanfare en continu, se relayant jusqu’à l’aube…


Au réveil, la gueule enfarinée, on profite d’un magnifique lever de soleil, avant de se rendre au village d’à côté pour faire quelques courses. Et là, tout s’enchaine. Les sacs posés par terre dans une petite rue, Manon part se faire une petite toilette dans un bar, et au retour, se fait hélée par le marchand de churros sur la place : « Hola chica! Ven aqui! Toma! Para tu y tu amigo. No te preocupes, gratis, gratis ! » et se retrouve en 2 min avec un grand sac de churros dans les bras !

Rencontre magique et repos sous les châtaigniers


On repart avec le sourire aux lèvres, et le ventre bien rempli ! 5 min plus tard, on était déjà dans une voiture avec Juan. On ne sait ni ce qu’il fait, ni grand-chose de sa vie, mais on passe 1h30 avec lui dans son Suzuki Grand Vitara, à boire ses paroles. Il nous raconte l’histoire de la région, celle de la grande mine de cuivre redécouverte et réexploitée au XIXe siècle par les Anglais. Les conditions terribles des ouvriers menèrent en 1888 à une grève suivie d’une révolte de plus de 12,000 personnes, et qui termina tragiquement lorsque les soldats ouvrirent le feu sur les manifestants. Cet incident dramatique et marquant de l’histoire sociale du pays, permis de modifier les méthodes d’extraction et de transformation du cuivre. Il nous pose plein de questions, nous paye un café accoudé au bar, à l’espagnol, et nous parle aussi des champignons qu’il s’en va ramasser – les amanites de César, ou Oronge en français, excellents comestibles.


On passe donc 2 nuits dans un joli camping, à 750m d’altitude, sous les frondaisons des châtaigniers souvent centenaires. Le calme nous fait beaucoup de bien, on visite le petit village de Fuenteheridos, très mignon, toujours avec ces maisons blanches et jaunes typiquement andalouses. La place du village est très animée, car l’automne ici amène les touristes, champignons pour les uns et marrons chauds pour les autres !


Notre campement, sous les châtaigniers
Les fameux Oronges, trouvés à côté de notre tente au moment de partir, on les a offerts à notre gentil voisin
Le patron du bar
On the road again


Arrivée au Portugal

Départ pour le Portugal. Après 20 jours en Espagne, on traverse la frontière à Rosal de la Frontera avec Robert, allemand retraité dans son van hippie made in Laos, qui nous emmène jusqu’à Beja. Juste avant, nous étions avec une famille sévillaise, costard pour lui et tailleur pour elle, qui nous ont mis à l’arrière de leur voiture, autour de leur fille de 8 ans. C’est assez rare de se faire prendre en stop par une famille complète, mais les discussions s’enchainent et ils nous invitent à revenir à Séville un jour, en logeant chez eux !


Le camping de Beja reste le moins cher du voyage, 1 nuit pour 3,96€ ! La ville n’est pas grande et n’a pas beaucoup d’intérêt, mais on prend le temps de flâner dans les rues pour cette première virée au Portugal.


Jeu de reflets
Beja
Ombres et découpes
Lumière du soir

On décide de rejoindre mon ancien manager bruxellois, Fred, qui est sur la côte depuis 1 mois déjà, à profiter du yoga le matin et du surf l’aprem.  On reprend la route avec un classique : arrêt de bus en sortie de ville et panneau « Stop » pour faire un peu d’ombre. 1h plus tard, plus de 40°C au soleil, on n’a pas bougé d’un centimètre, alors on pique-nique au bord de la route. Puis on retente le pouce, et 5 min plus tard on grimpe déjà dans une voiture ! Le hasard parfois… On fait la route avec 2 népalais, installés au Portugal depuis 6 ans, et qui travaillent dans une entreprise d’agriculture. Ils font les taximen entre les villes et les champs, à travers tout le pays. C’est donc à 140 km/h (sur une route à 90), musique traditionnelle à fond, que l’on franchi canyons verdoyants, vallons arides, champs d’oliviers, vergers et exploitations de chêne-liège, ces arbres mutilés, rasés et sanguinolents qui parsèment le territoire.



Vila Nova de Milfontes

On arrive en fin de journée à Vila Nova de Milfontes, joli village de pêcheurs et surfeurs. Nous passons quasiment une semaine là-bas, 2 nuits dans un lieu magique, en tipi, avec une belle soirée au bord du feu, à discuter avec Fred et à écouter 2 filles chanter et jouer de la guitare. On peut aussi cuisiner un peu (des légumes !), et ça, ça change bien notre quotidien 🙂 Puis on se rapproche du centre-ville et l’on passe 4 jours dans un camping, back to basics ! Plage secrète et vagues de 2m, soleil brûlant le jour, couchers de soleil au crépuscule et brouillard la nuit, barbecue et vins portugais, resto de poisson et révisions de voile. Le temps passe vite et il est déjà temps de partir.



Lisbonne

En bus cette fois ! 2h30 plus tard, nous sommes à Lisbonne. La traversée de l’embouchure du Tage sur le pont suspendu du « 25-avril » est magnifique, on domine la capitale portugaise argentée et les bateaux qui naviguent dans la mer de Paille. 6 nuits en auberge de jeunesse, à pouvoir dormir dans un vrai lit, malgré le monde environnant, les travaux, les bruits de la machine à café derrière la porte et les gens qui rentrent bourrés au milieu de la nuit. On cuisine, on se balade, on écrit. On craque un peu le budget aussi… Pour aller à Sintra par exemple, petite ville verdoyante et ancienne demeure des rois portugais, le transport et les visites coûtent cher mais c’est un vrai délice de se plonger dans cette jungle et ces châteaux fantasques. Pique-nique et soirée avec Valou, copine de Manon qui bosse à Lisbonne, ça fait plaisir de la revoir, malgré la fin de soirée un peu gâchée par un type qui nous agresse dans le parc, et qui manque de se finir mal… On parcourt la ville à pied, en bus, en métro, en stop, à la recherche de masques de plongée qui nous serviront à minima pour les 3 mois à venir, c’est cher et chronophage mais on espère que ça en vaudra la peine !


Nous sommes le 24 octobre, il est minuit et on embarque dans 10h. La pression monte, notre envie d’y aller aussi ! Outre Atlantique, on prévoit déjà de belles galères, pour rallier le continent, et pour le passage des frontières dû au covid. On regarde le site Tourdumondiste (notre bible !) régulièrement pour se mettre à jour, mais à court terme on reste focus sur le bateau, notre séjour aux Canaries, et sur Noël que l’on fera pour la première fois de notre vie au soleil ! A bientôt 😉


Veille du départ, nuit en bord de mer

Theo

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