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Le Salar d’Uyuni, plus grand désert de sel du monde

Écoutez ce silence … Seul siffle dans vos oreilles ce vent qui vient de la steppe. Un cheval henni au loin, une porte de saloon claque, des chiens errants traînent en meute et au bout de cette rue déserte roule une boule d’herbes séchées dans un tourbillon de poussière. Dans le lointain, un air d’harmonica vous parvient et soudain, la pression monte… Le duel ! Pour sauver l’honneur de votre famille, il vous faudra vaincre !

Vous y êtes ? L’ambiance western est posée ? Bon, on remplace les chevaux par des lamas, le silence parfait par quelques pétarades de voitures déglinguées, et l’harmonica par de la flûte de pan ! Bienvenue à Uyuni, cette ville aux portes du salar du même nom qui attire chaque année des touristes du monde entier. Sans aucun intérêt visuel, et glacée par un vent constant qui balaye les hauts plateaux, il n’y a pas beaucoup de raisons de s’y attarder.

Après notre bus en provenance de Potosi, on dégotte un petit hôtel bas de gamme qui fera l’affaire pour la nuit. Dans le restaurant que l’on trouve pour dîner, le serveur oubliera la commande de mon plat et la boisson… Je négocie pour une réduction du montant total et obtient à la place, un verre de vin comme digestif ! Bizarre, mais bon, puisqu’il est là… 😅🍷

Cimetière de train

La nuit passée, on se rend dans le bureau de l’agence que nous avons choisie pour le tour : Tupiza Ecotravel. D’emblée, je préfère dire que nous n’avons pas du tout accrochés avec cette agence. Elle était recommandée par de nombreuses personnes, mais au départ de la ville de Tupiza, pas d’Uyuni, détail que nous n’avions pas pris en compte. On part finalement en fin de matinée, à 6 plus notre chauffeur/guide : 3 israéliens, ainsi que Eloi, Manon et moi.

Premier arrêt : le cimetière de trains de la ville. Entre 1890 et 1940, l’activité minière du pays fut importante et on construisit une ligne de transport de matériau pour relier Antofagasta à Uyuni. La Bolivie perd alors son accès à la mer, les affaires s’essoufflent et la ligne tombe petit à petit en désuétude. Ces vestiges d’un âge « d’or » aujourd’hui disparu rouillent à la sortie de la ville et servent de décor aux photos des touristes. Et c’est vrai que ça s’y prête bien ! On escalade et on se cache entre les panneaux de fer lissés par le vent et le sable. On crapahute un peu partout, comme des gosses !

Direction le salar…

Notre guide nous rappelle, et on reprend la route en direction du salar, mais comme tout est plat, rien ne filtre jusqu’à la dernière minute… Des montagnes semblent flotter au loin dans l’air, par le même mirage que celui des routes chaudes goudronnées. Les rayons de lumières sont courbés localement par l’effet de la chaleur, et nous ne voyons non pas la route, mais le ciel ! Après un arrêt dans un village à touriste, où nous achetons un petit peu du sel du salar (on a des pâtes à faire cuire dans les prochains jours !), le chauffeur emmène le 4×4 Toyota sur les premières pistes du désert de sel.

Le mirage vaguement visible sur la photo
Un guide pendant l’explication du traitement de sel

Bleu Blanc Sel

À perte de vue, du blanc et du bleu. Le regard scotché aux vitres de la voiture, on s’émerveille de cette immensité. 10,000 km2 de sel, avec une profondeur variant de 2 à 120m. Des milliers d’années qu’il est connu des habitants du continent et qu’il est échangé, troqué et vendu par les caravanes qui sillonnent les Andes. On peut apercevoir des trous dans le sol – c’est sont les « yeux du salar » (los ojos del salar), qui respire, comme dit notre guide.

L’horizon est lisse et immaculé, il n’y a personne en vue. Puis une voiture nous rattrape et nous dépasse, et nous l’oublions. Sans d’autres repères que les montagnes et les marques de pneus sur le sol, on nous conduit dans un ancien hôtel de sel, aujourd’hui réaménagé en restaurant et immense salle à manger. On déjeune avec le groupe, après quelques photos autour du monument du Paris – Dakar 2014 qui passa par ici.

Hors de question de payer pour les toilettes qui sont à 5 bs, soit 10x plus que d’habitude ! Donc on s’éloigne avec Manon, sauf qu’ici, il n’y a pas d’arbre pour se cacher ! 🙈 Alors on doit faire quelques centaines de mètres avant de n’être plus trop visibles ! 😅

Inca Huasi, l’île des cactus

On reprend la visite avec une balade sur l’île Inca Huasi (littéralement « la maison de l’inca »), couverte de cactus géants ! L’endroit est magique, ces êtres centenaires (certains même millénaires) gardent le salar comme des colosses endormis.

Nous nous arrêtons ensuite pour faire les « fotos locos », comme ils disent. Ces photos grâce auxquelles on découvre que notre chauffeur est plutôt photographe que guide… Car ce n’est pas évident ! Ces jeux de perspectives demandent une coordination parfaite de la distance entre les objets, du mouvement des personnes et de la profondeur de champ des objectifs utilisés. Autant dire qu’avec l’appareil photo, c’est mission impossible ! On laisse tomber et on prend tout avec le téléphone… Les rendus sont sympas, mais on passe un peu trop de temps pour satisfaire tout le monde ! Et rebelote pour le coucher du soleil quelques heures plus tard…

Ce soir, nous dormons dans un hôtel de sel, où nous arrivons de nuit. Déjà loin du salar, il a été construit comme point de passage pour les tours, et contient une cuisine, une grande salle à manger et de nombreuses chambres, dont les murs sont bel et bien en brique de sel ! On goûte pour être sûrs ^^. Et lorsque l’on marche, on a l’impression d’être revenus aux Antilles. Il y a presque 5 cm de sel en poudre dans lequel on s’enfonce comme sur une plage de sable blanc.

Jour 2 – Désert et flamands roses

Notre deuxième jour est un peu plus monotone. Nous entrons dans le Sud-Lipez, cette région frontalière avec le Chili, bordée de volcans. Notre voiture s’enfonce dans de grandes vallées désertiques, sur des pistes de plus en plus mauvaises. On s’arrête le matin devant plusieurs lagunes, avec nos premiers flamants roses ! Ils paraissent si fragiles, sur leurs échasses de coton. Et pourtant ils résistent bien au vent qui leurs cingle les plumes !

Après manger, les déserts immenses s’enchaînent dans des nuages de poussière. Notre chauffeur doit fréquemment nettoyer nos vitres pour que nous puissions admirer le paysage. Quelques anomalies du paysage, des rochers sculptés par le vent et le sable, sont l’occasion d’une sortie de la voiture et d’une petite marche. Ils prennent la forme de champignon car statistiquement, il y a plus de gravillons qui sont soulevés au ras du sol qu’en hauteur, et qui vont petit à petit éroder les rochers.

Viscacha, sorte de lapin des montagnes
Champignon de pierre

Le logement du soir est ordinaire mais assez confortable. On joue aux cartes, avant de sortir aider les israéliens qui ont acheté des feux d’artifices. Avec un vent de folie, et une température glaciale, c’est presque impossible de prendre des photos, mes doigts sont gelés. On les regarde faire leur spectacle avant de vite rentrer se coucher !

Jour 3 – Geysers et noman’s land

Le dernier jour du tour, le réveil sonne un peu trop tôt… À 3h45, on se lève et on déjeune copieusement pancakes et confitures, avant de reprendre la voiture. Mais il fait -5/-10 deg dehors, la voiture est glaciale alors notre guide met le chauffage et la ventilation à fond, et là…. Un nuage de poussière (accumulée depuis 2 jours) est soufflé dans la voiture et on s’en prend de partout !! On ouvre vite les portes et fenêtres mais le mal est fait… La route est longue jusqu’à l’arrêt suivant, des geysers, qui forment toute une zone de brouillard, créée par la rencontre des masses chaudes et froides.

A 8h, nous arrivons au bord d’une lagune qui possède de nombreuses sources thermales naturelles. Contre quelques bolivianos supplémentaires, on s’accorde un bon bain de 45 min ! La tête hors de l’eau prend le vent et le froid, et gèle rapidement alors que le corps est bien au chaud, l’expérience est plutôt agréable 😉

Les sources chaudes avec les flamands-roses en fond
Pose devant la lagune

Notre guide n’est pas clair depuis 3 jours sur comment va se passer la suite, car Manon et moi avons demandé depuis le début qu’il nous dépose à la frontière chilienne, avant que lui ne remonte vers le nord. Il a changé 3 fois d’avis sur qui allait nous emmener jusque là, mais finalement c’est bien lui ! On remonte dans sa voiture tandis que les autres restent aux bains thermaux le temps qu’il fasse l’aller-retour. Encore quelques images de ces montagnes colorés, de ces déserts d’altitudes et quelques viscachas boliviens, ces lapins à la queue en tire-bouchon que l’on voit depuis Ausangate.

A nous le Chili !

L’agence nous proposait un minibus à 150 bs / personne (soit 20€) avant que l’on parte, pour faire le trajet Frontière -> San Pedro de Atacama (Chili). C’était hors de prix donc nous avons refusé en espérant trouver autre chose. En arrivant sur place, de nombreux minibus attendent les tours qui arrivent de Bolivie – mais pleins sont à moitiés vide. L’un nous propose 80 bs / personne, ce qui est beaucoup mieux. On demande quand même à 3/4 autres mais ils sont à 100 pp donc on retourne au premier. On quitte notre guide – notre chauffeur plutôt – pour qui nous n’avons vraiment pas eu un coup de cœur. Les seules phrases qu’on entendait de sa part lorsqu’on arrivait sur un site se résumait à : « Ok amigos. Cinco minutos para sacar fotos. Después tenemos 45 minutos hasta el próximo. » Un peu redondant pendant 3 jours…

La frontière chilienne se résume à un hangar au milieu du désert. Les minibus sont en file indienne et il faut remplir plusieurs déclarations en avance… Pas de nourriture animale ou végétale, et 3 doses de vaccins covid demandées, au 27 septembre 2022. On prévoit de passer une semaine seulement au Chili, donc le prochain article sera court 😉

Theo

4 commentaires

  • Manue

    Les photos sont magnifiques ! Ca devait être incroyable comme paysages. Dommage pour le guide, ça a dû gacher un peu le moment.
    J’ai beaucoup aimé la description au début de l’article !

  • chouvellon rené

    Avec Antoine, il y a cinq ans nous avions été au Lac salé de Pozuelos en Argentine, à la frontière avec la Bolivie. Votre très bel article rappelle donc de très bons souvenirs. Paysages rarissimes et froid glacial…
    Bonne poursuite

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